La Nivôse Rouge selon Shahab : Différence entre versions

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Pour les Qadjarides, le Sans-Fond représentait une aubaine, mais aux yeux des autres, nous n’étions que des mendiants vivant dans la boue. Baldeaur nous le fit sentir dès le premier regard. Il nous fit sentir, sans le moindre besoin de parler, qu’il se considérait au-dessus de nous. Cet homme imbu de lui-même nous proposa un coup d’État en nous regardant comme si tout lui était déjà acquis et que nous n’étions pour lui que des pions sur un échiquier. Sous-estimer les Qadjarides ne fut pas sa seule erreur, mais ce fut celle qui lui coûta le plus cher. Baldeaur se montra très explicite, selon lui le Consulat était défaillant et Esperia était en péril. Pour La Flèche, le Consulat se portait à merveille et rien ne menaçait la ville. Contrairement à ce qu’avance Bill Moscaw, l’objectif de La Flèche à Esperia n’était pas de créer un soi-disant « [[Empire Qadjaride]] ». Cette rumeur est fausse, infondée, et surtout complètement ridicule. La raison de la venue des Qadjarides à Esperia est la même que la vôtre, nous voulions une nouvelle vie, tout simplement.
 
Pour les Qadjarides, le Sans-Fond représentait une aubaine, mais aux yeux des autres, nous n’étions que des mendiants vivant dans la boue. Baldeaur nous le fit sentir dès le premier regard. Il nous fit sentir, sans le moindre besoin de parler, qu’il se considérait au-dessus de nous. Cet homme imbu de lui-même nous proposa un coup d’État en nous regardant comme si tout lui était déjà acquis et que nous n’étions pour lui que des pions sur un échiquier. Sous-estimer les Qadjarides ne fut pas sa seule erreur, mais ce fut celle qui lui coûta le plus cher. Baldeaur se montra très explicite, selon lui le Consulat était défaillant et Esperia était en péril. Pour La Flèche, le Consulat se portait à merveille et rien ne menaçait la ville. Contrairement à ce qu’avance Bill Moscaw, l’objectif de La Flèche à Esperia n’était pas de créer un soi-disant « [[Empire Qadjaride]] ». Cette rumeur est fausse, infondée, et surtout complètement ridicule. La raison de la venue des Qadjarides à Esperia est la même que la vôtre, nous voulions une nouvelle vie, tout simplement.
  
Ce jour-là, quand Baldeaur nous déroula son plan, nous l’écoutâmes en silence, stoïques et attentifs sans poser de questions inutiles et sans réellement nous impliquer. Baldeaur nous proposa des terres, des richesses, des places dans son futur gouvernement, et mille autres récompenses en échange de notre soutien militaire. Selon Baldeaur, le coup d’État devait se dérouler sans violence et sans effusion de sang. C’était là tout le paradoxe de cet homme et cela nous fit rapidement comprendre qu’on ne pouvait pas lui faire confiance, s’il voulait faire un coup d’État sans violence, pourquoi ne pas convaincre la ville de son projet ? pourquoi ne pas se faire élire Premier Consul à la place de Lindén, pour ensuite réformer les lois avec la légitimité du soutien populaire ? Pourquoi prétendre vouloir agir sans violence tout en venant recruter dix guerriers Qadjarides ?
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Ce jour-là, quand Baldeaur nous déroula son plan, nous l’écoutâmes en silence, stoïques et attentifs sans poser de questions inutiles et sans réellement nous impliquer. Baldeaur nous proposa des terres, des richesses, des places dans son futur gouvernement, et mille autres récompenses en échange de notre soutien militaire. Selon Baldeaur, le coup d’État devait se dérouler sans violence et sans effusion de sang. C’était là tout le paradoxe de cet homme et cela nous fit rapidement comprendre qu’on ne pouvait pas lui faire confiance, s’il voulait faire un coup d’État sans violence, pourquoi ne pas convaincre la ville de son projet, pourquoi ne pas se faire élire Premier Consul à la place de Lindén, pour ensuite réformer les lois avec la légitimité du soutien populaire. Pourquoi prétendre vouloir agir sans violence tout en venant recruter dix guerriers Qadjarides.
  
 
Pourquoi. Parce que Baldeaur était un homme fourbe et manipulateur, lui-même sous l’influence de personnes encore plus vicieuses que lui, Elyrïa, folle et avide de pouvoir qui s’imaginait déjà impératrice d’Esperia, et Davos, tout aussi cruel. Une seule question lui fut posée ce soir-là, le nom de ses alliés. Il s’empressa de répondre, avide de notre aide, l’[[apothi]] [[Utilisateur:Tankred|Tankred]], le [[garde]] [[Utilisateur:Osokiri|Osokiri]] et [[Utilisateur:Sheolh|Sheolh]], membre de la Pointe d’Or et père adoptif d’Elyrïa.
 
Pourquoi. Parce que Baldeaur était un homme fourbe et manipulateur, lui-même sous l’influence de personnes encore plus vicieuses que lui, Elyrïa, folle et avide de pouvoir qui s’imaginait déjà impératrice d’Esperia, et Davos, tout aussi cruel. Une seule question lui fut posée ce soir-là, le nom de ses alliés. Il s’empressa de répondre, avide de notre aide, l’[[apothi]] [[Utilisateur:Tankred|Tankred]], le [[garde]] [[Utilisateur:Osokiri|Osokiri]] et [[Utilisateur:Sheolh|Sheolh]], membre de la Pointe d’Or et père adoptif d’Elyrïa.
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=La Nivôse Rouge=
 
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Le clan de la Flèche s’associa au Consulat de Lindén, échangeant informations et préparations sous les ordres du Ser Lindén. Une fois de plus, Bill Moscaw a tort dans son récit. La décision de tuer les royalistes ne vient pas des Qadjarides mais de Ser Louis Lindén et de ses proches.
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Le clan de la Flèche s’associa au Consulat de Lindén, échangeant informations et préparations sous les ordres du Ser Lindén. Une fois de plus, Bill Moscaw a tort dans son récit. La décision de tuer les royalistes ne vient pas des Qadjarides, mais de Ser Louis Lindén et de ses proches.
  
 
Dans un premier temps, Osokiri fut attiré dans le manoir Lindén, assommé puis exécuté. Quelques minutes après, Tankred fut entraîné dans le bureau de Louis et exécuté sur place par moi-même. Dans la foulée, Baldeaur fut emmené à l’écart de la ville et exécuté par un homme de Lindén. La rumeur se propagea comme une traînée de poudre, [[Utilisateur:Irriya|Irriya]] ayant été témoin de mon meurtre envers Tankred. En fin de journée, tous les hommes de Lindén se réunirent pour procéder à l’arrestation de Sheolh. Il ne fut pas exécuté immédiatement, car certains jugeaient encore sa position ambiguë. L’ambiance en ville se dégrada. Sheolh fut libéré le lendemain pour apaiser les tensions, mais cela ne suffit pas. Un jeune [[Galdyr|galdyri]] prénommé [[Utilisateur:Lyor|Lyor]], garde de Lindén, fut lapidé en pleine rue par une poignée de bouseux enragés.
 
Dans un premier temps, Osokiri fut attiré dans le manoir Lindén, assommé puis exécuté. Quelques minutes après, Tankred fut entraîné dans le bureau de Louis et exécuté sur place par moi-même. Dans la foulée, Baldeaur fut emmené à l’écart de la ville et exécuté par un homme de Lindén. La rumeur se propagea comme une traînée de poudre, [[Utilisateur:Irriya|Irriya]] ayant été témoin de mon meurtre envers Tankred. En fin de journée, tous les hommes de Lindén se réunirent pour procéder à l’arrestation de Sheolh. Il ne fut pas exécuté immédiatement, car certains jugeaient encore sa position ambiguë. L’ambiance en ville se dégrada. Sheolh fut libéré le lendemain pour apaiser les tensions, mais cela ne suffit pas. Un jeune [[Galdyr|galdyri]] prénommé [[Utilisateur:Lyor|Lyor]], garde de Lindén, fut lapidé en pleine rue par une poignée de bouseux enragés.
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Pour comprendre l’enlèvement de Khali et son rôle indirect dans la Nivôse Rouge, il faut remonter dans la chronologie des événements. Quelques semaines avant, Elyrïa accoucha de deux jumeaux issus de ses multiples relations. Consciente de son incapacité à élever des enfants dignement, elle décida de les confier. La petite Khali fut confiée à notre communauté, car Elyrïa entretenait alors des relations plus ou moins cordiales avec le clan. L’autre enfant fut confié à Sheolh.
 
Pour comprendre l’enlèvement de Khali et son rôle indirect dans la Nivôse Rouge, il faut remonter dans la chronologie des événements. Quelques semaines avant, Elyrïa accoucha de deux jumeaux issus de ses multiples relations. Consciente de son incapacité à élever des enfants dignement, elle décida de les confier. La petite Khali fut confiée à notre communauté, car Elyrïa entretenait alors des relations plus ou moins cordiales avec le clan. L’autre enfant fut confié à Sheolh.
  
Le soir de la Nivôse Rouge, lorsqu’Elyrïa comprit que tous les rebelles étaient morts (sauf Davos, en fuite), elle réalisa que j’étais à l’origine de tout et que j’avais trahi la cause royaliste. Après la libération de Sheolh, ils eurent l’insensée prétention de reprendre Khali, nous jugeant indignes de confiance. Ils avaient omis que Khali était désormais notre fille. Ils n’auraient jamais dû tenter de l’enlever.
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Le soir de la Nivôse Rouge, lorsqu’Elyrïa comprit que tous les rebelles étaient morts, sauf Davos, en fuite, elle réalisa que j’étais à l’origine de tout et que j’avais trahi la cause royaliste. Après la libération de Sheolh, ils eurent l’insensée prétention de reprendre Khali, nous jugeant indignes de confiance. Ils avaient omis que Khali était désormais notre fille. Ils n’auraient jamais dû tenter de l’enlever.
  
Ce même soir, [[Utilisateur:Jaleed|Jaleed]] et moi confrontèrent Sheolh sur la place centrale, en pleine tempête de neige. Les témoins nous séparèrent rapidement. Nous expliquâmes alors clairement à Elyrïa qu’elle devait rendre Khali avant la fin du jour suivant, sinon elle serait décapitée et jetée à la mer, toute personne s’opposant à nous connaîtrait le même sort. Quelques minutes après notre départ, Sheolh, effrayé à l’idée de voir Elyrïa mourir de nos mains, prit la décision grotesque de la tuer lui-même. Il la décapita sur place avant de se donner la mort. Esperia comptait deux traîtres de moins et Khali retrouva sa famille.
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Ce même soir, [[Utilisateur:Jaleed|Jaleed]] et moi confrontèrent Sheolh sur la place centrale, en pleine tempête de neige. Les témoins nous séparèrent rapidement. Nous expliquâmes alors clairement à Elyrïa qu’elle devait rendre Khali avant la fin du jour suivant, sinon elle serait décapitée et jetée à la mer, et toute personne se dressant sur notre route subirait le même sort. Quelques minutes après notre départ, Sheolh, effrayé à l’idée de voir Elyrïa mourir de nos mains, prit la décision grotesque de la tuer lui-même. Il la décapita sur place avant de se donner la mort. Esperia comptait deux traîtres de moins et Khali retrouva sa famille.
  
Pendant ce temps, Davos cherchait un nouveau Roi et le trouva en [[Utilisateur:Thémis|Thémis Lunargent]]. Le chevalier défendait ouvertement les idées royalistes, mais son statut dans la ville et la volonté de Lindén de calmer les tensions rendaient impossible son arrestation. Un soir pourtant, le commandeur Alvahryn découvrit que Thémis cachait Davos dans [[Manoir Lunaire|son manoir]]. Un combat s’engagea entre les rebelles royalistes (Thémis, [[Utilisateur:Auréleac|Auréleac]] et [[Utilisateur:William|William]]) et le clan Lindén (Alvahryn, [[Utilisateur:Enockh|Enockh]], [[Utilisateur:Nahel|Nahel]] et moi-même). Le combat fut éprouvant et dangereux, mais nous réussîmes à désarmer les traîtres sans blessés.
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Pendant ce temps, Davos cherchait un nouveau Roi et le trouva en [[Utilisateur:Thémis|Thémis Lunargent]]. Le chevalier défendait ouvertement les idées royalistes, mais son statut dans la ville et la volonté de Lindén d’apaiser les tensions rendaient impossible son arrestation. Un soir, le commandeur Alvahryn découvrit que Thémis cachait Davos dans [[Manoir Lunaire|son manoir]]. Un combat s’engagea entre les rebelles royalistes (Thémis, [[Utilisateur:Auréleac|Auréleac]] et [[Utilisateur:William|William]]) et le clan Lindén (Alvahryn, [[Utilisateur:Enockh|Enockh]], [[Utilisateur:Nahel|Nahel]] et moi-même). Le combat fut éprouvant et dangereux, mais nous réussîmes à désarmer les traîtres sans blesser personne.
  
Auréléac et William, refusant la défaite, sortirent des dagues et mirent fin à leurs jours. Moscaw ment encore lorsqu’il prétend qu’ils furent exécutés. Ce mensonge en dit long sur la famille [[Aubéclat|Aubéclat]]. Thémis les vit se suicider de ses propres yeux, pourtant Moscaw affirme le contraire. Qui ment. Thémis à Moscaw, ou bien Moscaw à son propre peuple. Dans tous les cas, les Aubéclats n’ont aucun honneur et tordent la vérité pour servir leurs intérêts.
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Auréléac et William, refusant la défaite, sortirent des dagues et mirèrent fin à leurs jours. Moscaw ment encore lorsqu’il prétend qu’ils furent exécutés. Ce mensonge en dit long sur la famille [[Aubéclat|Aubéclat]]. Thémis les vit se suicider de ses propres yeux, pourtant Moscaw affirme le contraire. Qui ment. Thémis à Moscaw, ou Moscaw à son propre peuple. Dans tous les cas, les Aubéclats n’ont aucun honneur et tordent la vérité pour servir leurs intérêts.
  
 
Peu de temps après, Davos fut finalement exécuté par un homme de Lindén. Les traîtres étaient morts, la ville retrouva le calme.
 
Peu de temps après, Davos fut finalement exécuté par un homme de Lindén. Les traîtres étaient morts, la ville retrouva le calme.

Version du 26 novembre 2025 à 12:53

Le statut de cet écrit est public. Cela signifie qu'il est accessible à tout le monde mais que votre personnage doit l'avoir vu ou lu en RP pour que vous puissiez consulter cette page. Dans le cas contraire il s'agit de métagaming. 

Cet écrit a été rédigé par Shahab, et se trouve sur l'ancienne Esperia, inaccessible pour le moment.

"La Nivôse Rouge" ou "La Nivôse Rouge selon Shahab" est un témoignage historique précieux du qadjaride Shahab, ancien rais du Clan de la Flèche. Cet ouvrage relate des événements qui se sont produits à l'été 513 sous le consulat de Louis Lindén et que l’on pourrait résumer à une purge sanglante de la faction royaliste alors naissante sur Esperia.


Introduction

Je l’admets volontiers, ce livre est une réponse directe aux "Secrets d'Esperia", ces immondes ouvrages qui attisent le feu de la haine espérienne en y répandant leurs mensonges les plus odieux. La Nivôse Rouge ne s’est absolument pas déroulée de la façon dont Bill Moscaw la présente dans ses ouvrages. Cet ouvrage a pour finalité de rétablir la Vérité.

Bill Moscaw est un illettré incapable d’avoir le bon sens de faire corriger son livre, pourtant bourré de mensonges, de fautes et de coquilles.

Pour ma part, je ne me dis pas grand écrivain, mais je veille à ne jamais bâcler mon travail. La rigueur que je mettrai dans ces lignes ne sera que le miroir de celle que j’applique à chacun de mes actes. Je ne suis pas un homme qui fait les choses à moitié, je ne suis pas Moscaw, ce roi cuisinier qui a cru pouvoir réécrire la Nivôse Rouge à son avantage. Je suis Shahab, le simple Qadjaride, qui la connaît et qui va vous la conter, car moi, j'y étais.

Les origines

En ces temps-là, la Cité-État d'Esperia prospérait paisiblement sous l’égide du Consulat. Un système politique dans lequel citoyens et nobles votaient pour élire, à la majorité, leur Premier Consul. Le dirigeant de l’époque était Ser Louis Lindén, l’un des fondateurs de la ville, l’un des premiers à avoir foulé les terres d’Esperia, un homme hautement respectable. Beaucoup critiquaient la souplesse de ce Premier Consul, mais la ville évoluait dans un calme notable, et la violence était rare.

Le Sire Baldeaur, alors consul de la justice, était un homme estimé des Esperiens. Cependant, il estimait que Louis Lindén ne faisait pas l’affaire et que le pouvoir en place était trop fragile, trop faible. Lui et son second, Davos (alors commandeur de la garde), décidèrent de reprendre à leur compte le projet de royauté engagé quelques semaines plus tôt par le chevalier Izengrin afin de faire tomber le Consulat. Baldeaur, emporté par un élan de mégalomanie, se mit à rêver de devenir le Roi d’Esperia, mais sachant qu’il ne possédait pas assez d’hommes pour prendre le pouvoir par les armes, il entreprit de recruter. C’est à ce moment qu’Elyrïa entra en scène et suggéra à Baldeaur de s’allier aux Qadjarides.

Cette femme d’origine Qadjaride sans clan, une dygar comme on les appelle dans notre culture, était l’amante de Baldeaur. Contrairement à ce que prétend Bill Moscaw dans ses livres, cette femme n’a jamais appartenu au clan Qadjaride de La Flèche, ses relations avec la communauté du Sans-Fond étaient d’ailleurs complexes et ambigües. Notre clan vivait alors exclusivement dans le Sans-Fond, un labyrinthe de boyaux et de grottes humides, à l’écart de la ville. Cette situation nous convenait, car le trou, malgré son humidité, était assez vaste pour nous accueillir tous. C’est là-bas que Baldeaur, accompagné d’Elyrïa, vint à notre rencontre.

Pour les Qadjarides, le Sans-Fond représentait une aubaine, mais aux yeux des autres, nous n’étions que des mendiants vivant dans la boue. Baldeaur nous le fit sentir dès le premier regard. Il nous fit sentir, sans le moindre besoin de parler, qu’il se considérait au-dessus de nous. Cet homme imbu de lui-même nous proposa un coup d’État en nous regardant comme si tout lui était déjà acquis et que nous n’étions pour lui que des pions sur un échiquier. Sous-estimer les Qadjarides ne fut pas sa seule erreur, mais ce fut celle qui lui coûta le plus cher. Baldeaur se montra très explicite, selon lui le Consulat était défaillant et Esperia était en péril. Pour La Flèche, le Consulat se portait à merveille et rien ne menaçait la ville. Contrairement à ce qu’avance Bill Moscaw, l’objectif de La Flèche à Esperia n’était pas de créer un soi-disant « Empire Qadjaride ». Cette rumeur est fausse, infondée, et surtout complètement ridicule. La raison de la venue des Qadjarides à Esperia est la même que la vôtre, nous voulions une nouvelle vie, tout simplement.

Ce jour-là, quand Baldeaur nous déroula son plan, nous l’écoutâmes en silence, stoïques et attentifs sans poser de questions inutiles et sans réellement nous impliquer. Baldeaur nous proposa des terres, des richesses, des places dans son futur gouvernement, et mille autres récompenses en échange de notre soutien militaire. Selon Baldeaur, le coup d’État devait se dérouler sans violence et sans effusion de sang. C’était là tout le paradoxe de cet homme et cela nous fit rapidement comprendre qu’on ne pouvait pas lui faire confiance, s’il voulait faire un coup d’État sans violence, pourquoi ne pas convaincre la ville de son projet, pourquoi ne pas se faire élire Premier Consul à la place de Lindén, pour ensuite réformer les lois avec la légitimité du soutien populaire. Pourquoi prétendre vouloir agir sans violence tout en venant recruter dix guerriers Qadjarides.

Pourquoi. Parce que Baldeaur était un homme fourbe et manipulateur, lui-même sous l’influence de personnes encore plus vicieuses que lui, Elyrïa, folle et avide de pouvoir qui s’imaginait déjà impératrice d’Esperia, et Davos, tout aussi cruel. Une seule question lui fut posée ce soir-là, le nom de ses alliés. Il s’empressa de répondre, avide de notre aide, l’apothi Tankred, le garde Osokiri et Sheolh, membre de la Pointe d’Or et père adoptif d’Elyrïa.

Le soir même, notre décision fut prise, nous n’allions pas aider Baldeaur à mettre en œuvre son plan, nous allions aider Louis à préserver le Consulat. Hors de question d’aider un fou à mettre une couronne sur sa tête, le système de vote populaire nous convenait et Louis nous paraissait plus sain d’esprit et moins dangereux que Baldeaur. Un rendez-vous fut organisé dès le lendemain au moulin d’Adobe entre moi, Bahadur, Louis Lindén et son homme de confiance, Alvahryn.

La Nivôse Rouge

Le clan de la Flèche s’associa au Consulat de Lindén, échangeant informations et préparations sous les ordres du Ser Lindén. Une fois de plus, Bill Moscaw a tort dans son récit. La décision de tuer les royalistes ne vient pas des Qadjarides, mais de Ser Louis Lindén et de ses proches.

Dans un premier temps, Osokiri fut attiré dans le manoir Lindén, assommé puis exécuté. Quelques minutes après, Tankred fut entraîné dans le bureau de Louis et exécuté sur place par moi-même. Dans la foulée, Baldeaur fut emmené à l’écart de la ville et exécuté par un homme de Lindén. La rumeur se propagea comme une traînée de poudre, Irriya ayant été témoin de mon meurtre envers Tankred. En fin de journée, tous les hommes de Lindén se réunirent pour procéder à l’arrestation de Sheolh. Il ne fut pas exécuté immédiatement, car certains jugeaient encore sa position ambiguë. L’ambiance en ville se dégrada. Sheolh fut libéré le lendemain pour apaiser les tensions, mais cela ne suffit pas. Un jeune galdyri prénommé Lyor, garde de Lindén, fut lapidé en pleine rue par une poignée de bouseux enragés.

Pour comprendre l’enlèvement de Khali et son rôle indirect dans la Nivôse Rouge, il faut remonter dans la chronologie des événements. Quelques semaines avant, Elyrïa accoucha de deux jumeaux issus de ses multiples relations. Consciente de son incapacité à élever des enfants dignement, elle décida de les confier. La petite Khali fut confiée à notre communauté, car Elyrïa entretenait alors des relations plus ou moins cordiales avec le clan. L’autre enfant fut confié à Sheolh.

Le soir de la Nivôse Rouge, lorsqu’Elyrïa comprit que tous les rebelles étaient morts, sauf Davos, en fuite, elle réalisa que j’étais à l’origine de tout et que j’avais trahi la cause royaliste. Après la libération de Sheolh, ils eurent l’insensée prétention de reprendre Khali, nous jugeant indignes de confiance. Ils avaient omis que Khali était désormais notre fille. Ils n’auraient jamais dû tenter de l’enlever.

Ce même soir, Jaleed et moi confrontèrent Sheolh sur la place centrale, en pleine tempête de neige. Les témoins nous séparèrent rapidement. Nous expliquâmes alors clairement à Elyrïa qu’elle devait rendre Khali avant la fin du jour suivant, sinon elle serait décapitée et jetée à la mer, et toute personne se dressant sur notre route subirait le même sort. Quelques minutes après notre départ, Sheolh, effrayé à l’idée de voir Elyrïa mourir de nos mains, prit la décision grotesque de la tuer lui-même. Il la décapita sur place avant de se donner la mort. Esperia comptait deux traîtres de moins et Khali retrouva sa famille.

Pendant ce temps, Davos cherchait un nouveau Roi et le trouva en Thémis Lunargent. Le chevalier défendait ouvertement les idées royalistes, mais son statut dans la ville et la volonté de Lindén d’apaiser les tensions rendaient impossible son arrestation. Un soir, le commandeur Alvahryn découvrit que Thémis cachait Davos dans son manoir. Un combat s’engagea entre les rebelles royalistes (Thémis, Auréleac et William) et le clan Lindén (Alvahryn, Enockh, Nahel et moi-même). Le combat fut éprouvant et dangereux, mais nous réussîmes à désarmer les traîtres sans blesser personne.

Auréléac et William, refusant la défaite, sortirent des dagues et mirèrent fin à leurs jours. Moscaw ment encore lorsqu’il prétend qu’ils furent exécutés. Ce mensonge en dit long sur la famille Aubéclat. Thémis les vit se suicider de ses propres yeux, pourtant Moscaw affirme le contraire. Qui ment. Thémis à Moscaw, ou Moscaw à son propre peuple. Dans tous les cas, les Aubéclats n’ont aucun honneur et tordent la vérité pour servir leurs intérêts.

Peu de temps après, Davos fut finalement exécuté par un homme de Lindén. Les traîtres étaient morts, la ville retrouva le calme.

La lettre de Louis Lindén

Ce document a été écrit par le Ser Louis Lindén. Il a été authentifié et sera disponible à l’Académie d’Esperia lors de l’édition de ce livre. Cette lettre a été écrite au lendemain de la Nivôse Rouge, Davos toujours en fuite.


La Nivôse Rouge par Louis Lindén

Ai-je fait le bon choix ?

Je pense que oui. Le problème est la tournure incontournable que les événements ont prise. J'aurais été fou de penser que tout se passerait convenablement. Mais force est d'admettre que la situation a dérapé, avec la mort de Sheolh et Elyrïa. La mort de Lyor. La fuite de Davos. La réaction disproportionnée que cela a prise m'attriste. Mon but premier, en tuant Baldeaur, Osokiri et Tankred (Normalement Davos aussi ?) avait été d'éradiquer la menace royaliste afin de préserver le système qu'Esperia propose. À l'instar de l'ancien monde. La fin justifie les moyens dira-t-on.

Je me suis en quelque sorte sacrifié pour empêcher que cela arrive. Mais je ne peux en vouloir aux Esperiens de ne pas me remercier pour avoir fait cela. Peut-être un jour comprendront-ils ? Qui sait ? J'ai sali mes mains et mis ma vie (ainsi que celle de mes proches) en danger. Je ne regrette rien. J'ai atteint mon but, avec des manières qui me déplaisent un peu, certes, mais je reste convaincu qu'il fallait le faire. J'ai vu naître Esperia, je l'ai vue grandir et s'épanouir. Savoir qu'un jour il y aura peut-être un seigneur ou un roi me débecte. Personne ne mérite de régner par des liens de sang. Chacun a sa chance à Esperia, la ville de l'espoir.

Faire tuer Baldeaur et Tankred ne fut pas une chose aisée au début. Mais nous n'avions pas le choix, Baldeaur a été mon ami. Savoir qu'il complotait contre Esperia et moi m'a retiré le sommeil de longues nuits. Comment ? Dans quel but ? Et surtout pourquoi ? Quoi qu'il en soit, nous y voilà. Mon mandat fut court, violent et sanglant. Si les habitants veulent encore de moi je resterai, sinon je me retirerai complètement de la politique, afin de me consacrer à ma famille et mes amis. Malgré tout ce qu'il s'est passé, je suis heureux d'avoir pu gagner la confiance des Qadjarides et, probablement, leur amitié.

Louis Lindén

Conclusion

Je le reconnais sans difficulté, nous avons été opportunistes en nous alliant à Louis Lindén car c’était ce qui était le plus profitable pour nous, celui-ci nous laissait en paix et ne nous accusait pas de tous les maux de la ville, comme tant de dirigeants, petits ou grands, ont pour habitude de le faire dans l’ancien monde, comme Baldeaur et Davos l’auraient fait.

Après la Nivôse Rouge, nous fûmes accusés par la ville d’en être les instigateurs et nous ne nous en sommes pas défendus. Nous avons laissé les esprits naïfs croire que cette petite guerre était de notre fait. Pourquoi. Car cela nous grandissait, cela nous donnait un pouvoir et une influence que nous pouvions à peine imaginer en arrivant à Esperia. Si nous étions vraiment les instigateurs de la Nivôse Rouge, qui pouvait espérer s’opposer à nous. Qui oserait manquer de respect aux Qadjarides. Qui oserait nous faire du mal. Cela arrangeait Lindén, qui ne se pressa pas de corriger les rumeurs. Mais je le redis ici, j’ai un grand respect pour cet homme aujourd’hui défunt, et je défendrai toujours son nom et son combat.

Pendant quelques mois, nous avons été craints et respectés. Pour la première fois de notre vie, je le dis avec fierté, nous avons vécu dans la paix et la tranquillité. Jamais nous n’avons profité de cette situation, jamais nous n’avons abusé de ce pouvoir. Les Qadjarides n’ont commis aucun meurtre, aucun vol, aucune agression gratuite. La Flèche est un clan intègre et je mets quiconque au défi de prouver le contraire.

J’écris ces dernières lignes après avoir appris la mort de mon seul ami sur cette île qui ne soit pas un frère, Louis Lindén. Ce livre lui est dédié. Puisse le Passeur guider ses pas vers son dernier chemin.

Shahab, fils d’Arash, ancien raïs de La Flèche, intendant de Rivelame et citoyen d'Esperia.