La Nivôse Rouge selon Shahab
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Cet écrit a été rédigé par Shahab, et se trouve sur l'ancienne Esperia, inaccessible pour le moment.
"La Nivôse Rouge" ou "La Nivôse Rouge selon Shahab" est un témoignage historique précieux du qadjaride Shahab, ancien rais du Clan de la Flèche. Cet ouvrage relate des événements qui se sont produits à l'été 513 sous le consulat de Louis Lindèn et qu'on pourrait résumer en une purge sanglante de la faction royaliste alors naissante sur Esperia.
Introduction
Je l'admets volontiers, ce livre est une réponse directe aux "Secrets d'Esperia", d'immondes ouvrages qui ne font qu'ajouter de l'huile sur le feu de la haine Esperienne en répandant des mensonges odieux. La Nivôse Rouge ne s'est pas déroulée telle que Bill Moscaw l'a décrite dans ses livres. Cet ouvrage a pour finalité de rétablir la Vérité.
Bill Moscaw est un illettré incapable d'avoir le bon sens de faire corriger son livre, bourré de mensonges, de fautes et de coquilles.
Pour ma part, je ne me prétends pas grand écrivain, mais je ne bâcle pas mon travail. La rigueur que je mettrai dans la rédaction de cet ouvrage sera le témoignage direct de la rigueur que je mets dans chacun de mes actes. Je ne suis pas un homme qui fait à moitié les choses, je ne suis pas Moscaw, le roi cuisinier qui a cru pouvoir inventer la Nivôse Rouge. Je suis Shahab, le simple Qadjaride, qui la connaît, et qui va vous la conter, car moi, j'y étais.
Les origines
En ce temps, la Cité-Etat d'Esperia prospérait sous l'égide du Consulat. Un système politique où les citoyens et nobles votaient pour choisir à la majorité leur Premier Consul. Le dirigeant de l'époque était le Ser Louis Lindén, un des fondateurs de la ville, un des premiers homme à fouler les terres d'Esperia, un homme hautement respectable. Beaucoup critiquaient la souplesse de ce Premier Consul, mais la ville évoluait dans un calme notable, la violence était rare.
Le Sire Baldeaur, consul de la justice de l'époque, était un homme apprécié des Esperiens. Cependant, il estimait que Louis Lindén ne faisait pas l'affaire, que le pouvoir en place était trop fragile et faible. Lui et son second, Davos; alors commandeur de la garde, décidèrent de s'approprier le projet de royauté engagé quelques semaines plus tôt par le chevalier Izengrin et de faire tomber le Consulat. Baldeaur, dans un élan de mégalomanie, se prit à rêver de devenir le Roi d'Esperia, mais il savait qu'il n'avait pas assez d'hommes pour prendre le pouvoir par les armes et décida de recruter. C'est alors qu'intervint Elyrïa, qui proposa à Baldeaur de s'allier avec les Qadjarides.
Cette femme d'origine Qadjaride sans clan, une dygar comme on les appelle dans notre culture, était l'amante de Baldeaur. Contrairement à ce qu'avance Bill Moscaw dans ces livres, cette femme n'a jamais fait partie du clan Qadjaride de La Flèche, ses rapports avec la communauté du Sans-Fond étaient d'ailleurs très compliqués et ambigus. Notre clan vivait alors exclusivement dans le Sans-Fond, un trou humide constitué de boyaux et de grottes humides, à l'écart de la ville. Cette situation nous convenait car le trou, malgré son humidité, étaient assez grand pour tous nous accueillir. C?est là bas que Baldeaur vint à notre rencontre, accompagné d'Elyrïa.
Pour les Qadjarides, le sans fond était une aubaine, mais pour les autres nous n'étions que des mendiants vivant dans la boue. Baldeaur nous l'a fait sentir au premier regard. Il nous a fait comprendre sans avoir à le dire qu'il se sentait supérieur à nous. Cet homme imbu de lui même nous proposa un coup d'état en nous regardant comme si sa cause était déjà acquise et que nous n'étions que des pions sur son échiquier. Sous-estimer les Qadjarides ne fut pas sa seule erreur, mais c'est celle qui lui coûta le plus cher. Baldeaur fut très explicite dans sa proposition : selon lui, le Consulat était défaillant et Esperia était en danger. Selon La Flèche, le Consulat se portait à merveille et aucun danger ne menaçait la ville. Contrairement à ce qu'avance Bill Moscaw, l'objectif de la Flèche à Esperia n'était pas la création d'un soi disant "Empire Qadjaride". Cette rumeur est fausse, sans fondements, et surtout complètement ridicule. La raison de la venue des Qadjarides à Esperia est la même que pour vous : nous voulions une nouvelle vie, tout simplement.
Ce jour là, quand Baldeaur nous déroula son plan, nous l'écoutâmes en silence, stoïques et attentifs sans poser trop de questions, sans trop nous impliquer. Baldeaur nous proposa des terres, des richesses, des places dans son futur gouvernement et mille autres récompenses pour notre soutien militaire ? Selon Baldeaur, le coup d'état devait se faire sans violences et sans morts. C'était la tout le paradoxe de cet homme, c'est ce qui nous fit rapidement comprendre qu'on ne pouvait pas lui faire confiance : s'il voulait faire un coup d'état sans violence, pourquoi ne pas simplement convaincre la ville de son projet, pourquoi ne pas se faire élire au poste de Premier Consul à la place de Lindén, pour ensuite faire réformer les lois avec la légitimité du soutien populaire ? Pourquoi venir recruter dix guerriers chez les Qadjarides et prétendre vouloir agir sans violence ?
Pourquoi ? Parce que Baldeaur était un homme fourbe et manipulateur, lui même manipulé par des gens encore plus vicieux que lui : la folle Elyrïa, avide de pouvoir, s'imaginant déjà impératrice d'Esperia, et le cruel Davos. La seule question que nous posions à Baldeaur, ce soir là, fut le nom de ses alliés. Il s'empressa de nous répondre, avide de notre aide : l'apothi Tankred, le garde Osokiri et Sheolh, membre de la Pointe d'or et père adoptif d'Elyrïa. Le soir même, notre décision fut prise. Nous n'allions pas aider Baldeaur à mettre en oeuvre son plan, nous allions aider Louis à préserver le consulat. Hors de question d?aider un fou à mettre une couronne sur sa tête, le système de vote populaire nous convenait et Louis nous paraissait être un homme plus sain d?esprit et moins dangereux que Baldeaur. De plus, nous doutions des capacités de cet homme à diriger : quelqu'un qui se laissait si facilement manipuler par Elyrïa n'était pas digne de confiance. Un rendez vous fut organisé dès le lendemain, au moulin d'Adobe, entre moi, Bahadur, Louis Lindén et son homme de confiance : Alvahryn.
La Nivôse Rouge
Le clan de la Flèche s'associa au Consulat de Lindén, échangeant informations et préparations, sous les ordres du Ser Lindén. Une fois de plus, Bill Moscaw a tort sur toute la ligne quand il décrit les évènements dans son livre. La décision de tuer les royalistes n'est pas venue des Qadjarides, mais bel et bien du Ser Louis Lindén et de ses proches.
Dans un premier temps, Osokiri fut attiré dans le manoir Lindén, assomé, puis exécuté. Quelques minutes après, Tankred fut entraîné dans le bureau de Louis et exécuté sur place, par moi même. Dans la foulée, Baldeaur fut entraîné à l'écart de la ville et exécuté par un homme de Lindén. Le bruit se propagea rapidement en ville, Irriya ayant été témoin de mon meurtre envers Tankred. En fin de journée, tous les hommes de Lindén se réunirent à nouveau pour procéder à l'arrestation de Sheolh. Il ne fut pas exécuté immédiatement car contrairement aux trois hommes, sa position dans le complot était encore discutable, selon certains. Selon moi il aurait dû être exécuté immédiatement, c'était un traître comme les autres. L'ambiance en ville se dégrada considérablement. Sheolh fut libéré le lendemain pour apaiser les tensions mais cela ne suffit pas à en calmer certains. Un des gardes de Lindén, un jeune galdyri prénommé Lyor, fut lapidé en pleines rues par un groupe de bouseux en colère.
Pour comprendre l'enlèvement de Khali et l'influence indirecte de cette action dans la nivôse rouge, il faut remonter dans la chronologie des évènements : quelques semaines avant la nivôse rouge, Elyrïa accoucha de deux jumeaux nés d'une de ses multiples relations sexuelles malsaines. Consciente d'être incapable d'élever des enfants dans de dignes conditions, elle prit la sage décision de confier les enfants à d'autres personnes. La petite fille, Khali, fut confiée à notre communauté. A l'époque, Elyrïa n'était pas encore notre ennemie et entretenait des relations plus ou moins cordiales avec le clan. L'autre enfant (dont le nom m'a échappé, mais peu importe) fut confiée à la charge de Sheolh, le père adoptif d'Elyrïa.
Le soir de la Nivôse Rouge, quand Elyrïa réalisa que tout les rebelles étaient morts (sauf Davos, qui était en fuite) elle comprit rapidement que j'étais la cause de tout cela, que j'étais celui qui avait trahi la cause royaliste. Après la libération de Sheolh, lui et Elyrïa prirent la décision stupide de reprendre Khali à notre clan, nous estimant indigne de leur confiance. Ils avaient omis un fait important ; Khali était à présent notre fille, et l'estime qu'ils avaient de nous n'entrait plus en ligne de compte. Ils n'auraient jamais du l'enlever.
Le soir même, Jaleed et moi confrontèrent Sheolh dans un combat sur la place publique, en pleine tempête de neige. Le combat fut rapidement arrêté par les gens présents autour de nous, nous rangeâmes nos cimeterres et expliquèrent clairement à Elyrïa ce qui l'attendait : elle devait nous rendre Khali avant la fin du jour suivant, sinon elle serait décapitée et jetée à la mer, ainsi que tous les gens qui se mettraient sur notre chemin, et ce, sans négociations quelconques. Quelques minutes après notre départ de la Place Centrale, Sheolh, effrayé par la perspective de voir Elyrïa tuée de nos mains, prit la décision hautement grotesque de la tuer lui même. Il la décapita sur place et se donna la mort ensuite. Esperia comptait deux traîtres de moins, et Khali retourna dans sa vraie famille.
Pendant ce temps, Davos, toujours en fuite, se cherchait un nouveau Roi et le trouva en la personne de Thémis Lunargent. Le chevalier adhérait en effet au royalisme et condamnait les méthodes de Louis Lindén presque ouvertement, mais son statut dans la ville et le désir de Lindén de calmer les tensions font qu'il fût impossible de l'arrêter ou de le juger. Un soir cependant, le commandeur Alvahryn découvrit que Thémis Lunargent cachait Davos dans son manoir. Rapidement, un combat s'engage dans le manoir entre les rebelles royalistes (Thémis et deux de ses fidèles : les gardes Auréleac et William) et le clan Lindén (Alvahryn, Enockh, Nahel, et moi-même). Le combat fut éprouvant et délicat, mais au final, nous réussîmes à faire rendre leurs armes aux traîtres sans que quiconque ne soit blessé.
Auréléac et William, cependant, ne voulaient pas en rester là : se sachant vaincus ils sortirent des dagues et mirent fin à leur jour sans que nous ne puissions (ni ne voulions) rien faire pour les arrêter. Bill Moscaw, une fois de plus, ment ou utilise de mauvaises informations. Ces hommes n'ont pas été exécutés, ils se sont suicidés car ils étaient trop lâches pour accepter la défaite. Cependant, ce mensonge est un point intéressant, car il en dit très long sur la famille Aubéclat. Thémis était présent lors de ce suicide, il les a vu se suicider de ses propre yeux, et pourtant, Moscaw prétend dans ses livres que nous les avons tué. Qui ment ? Thémis aurait menti à Moscaw, ou Bill ment à son propre peuple en prétendant lui révéler les "secrets d'Esperia" ? Dans les deux cas, la démarche démontre que les Aubéclats n'ont pas d'honneur et sont prêts à tordre la vérité pour atteindre leur objectifs.
Peu de temps après, Davos fut exécuté par un homme de Lindén. Les traitres étaient tous mort, la ville retrouva son calme.
La lettre de Louis Lindén
Ce document a été écrit par le Ser Louis Lindén. Il a été authentifié et sera disponible à l'Académie d'Esperia lors de l'édition de ce livre. Cette lettre a été écrite au lendemain de la Nivôse Rouge, Davos toujours en fuite.
La Nivôse Rouge par Louis Lindén
Ais-je fait le bon choix ?
Je pense que oui. Le problème est la tournure incontournable que les événements ont pris. J'aurais été fou de penser que tout se passerait convenablement. Mais force est d?admettre que la situation a dérapé, la mort de Sheolh et Elyrïa. La mort de Lyor. La fuite de Davos. la réaction disproportionnée que cela a pris m'attriste. Mon but premier, en tuant Baldeaur, Osokiri et Tankred (Normalement Davos aussi?) avait été d'éradiquer la menace royaliste. Afin de préserver le système qu'Esperia propose. A l'instar de l'ancien monde. La fin justifie les moyens dira-t-on.
Je me suis en quelque sorte sacrifié pour empêcher que cela arrive. Mais je ne peux en vouloir aux Esperiens de ne pas me remercier pour avoir fait cela. Peut être un jour comprendront-ils ? qui sait ? J'ai sali mes mains et mis ma vie (ainsi que celle de mes proches) en danger. Je ne regrette rien. J'ai atteint mon but, avec des manières qui me déplaisent un peu, certes, mais je reste convaincu qu'il fallait le faire. J'ai vu naître Esperia, je l'ai vu grandir et s'épanouir. Savoir qu'un jour il y aura peut être un seigneur ou un roi me débecte. Personne ne mérite de régner par des liens de sang. Chacun a sa chance à Esperia, la ville de l'espoir.
Faire tuer Baldeaur et Tankred ne fut pas une chose aisée au début. Mais nous n'avions pas le choix, Baldeaur a été mon ami. Savoir qu'il complotait contre Esperia et moi m'a retiré le sommeil de longues nuits. Comment ? dans quel but ? et surtout pourquoi ? quoi qu'il en soit, nous y voilà. Mon mandat fut court, violent et sanglant. Si les habitants veulent encore de moi je resterai, sinon je me retirerai complètement de la politique. Afin de me consacrer à ma famille et mes amis. Malgré tout ce qu'il s'est passé, je suis heureux d'avoir pu gagner la confiance et Qadjarides et -probablement- leur amitié.
Louis Lindén
Conclusion
Je le reconnais sans difficulté, nous avons été été opportunistes et nous sommes alliés à Louis Lindén car c'est ce qui était le plus profitable pour nous : celui-ci nous laissait en paix et ne nous accusait pas de tout les maux de la ville, comme beaucoup de petits et grands dirigeants ont pour habitude de faire, dans l'ancien monde. Comme Baldeaur et Davos l'auraient fait.
Après la Nivôse Rouge, nous fûmes accusés par la ville d'en avoir été les instigateurs et ne nous en sommes pas défendus. Nous avons laissé les gens naïfs croire que cette petite guerre était de notre fait. Pourquoi ? car cela nous grandissait, cela nous donnait un pouvoir et une influence que nous pouvions à peine imaginer en arrivant à Esperia : si nous étions vraiment les instigateurs de la Nivôse Rouge, qui pouvait espérer s'opposer à nous ? qui oserait manquer de respect aux Qadjarides ? Qui oserait nous faire du mal ? Cela arrangeait Lindén, qui ne se pressa pas non plus de corriger les gens (mais je le redis ici : j'ai un grand respect pour cet homme aujourd'hui défunt, et je défendrai toujours son nom et son combat).
Pendant quelques mois, nous avons été craints et respectés, pour la première fois de notre vie, je le dis avec fierté, nous avons vécu dans la paix et la tranquillité. Jamais nous n'avons profité de cette situation, jamais nous n'avons abusé de notre puissance et de notre liberté. Les Qadjarides n'ont commis aucun meurtre, aucun vol, aucune agression gratuite. La Flèche est un clan intègre et je défie quiconque de me prouver le contraire.
J'écris ces dernières lignes après avoir appris aujourd'hui la mort de mon seul ami sur cette île qui ne soit pas un frère : Louis Lindén. Ce livre lui est dédié. Puisse le Passeur l'aider à trouver son chemin.
Shahab, fils d'Arash, ancien raïs de La Flèche, intendant de Rivelame et citoyen d'Esperia.
