Utilisateur:Maryse
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Couture - Cuisine - Connaissance (Arts courtois)
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RolePlay :
Histoire
Une enfant aux boucles brunes jouait avec une poupée de chiffons en compagnie de son sosie masculin. Des jumeaux aux iris aussi verts que l’herbe sous leurs pieds nus. Ils étaient accompagnés par une femme d’âge moyen, vêtue simplement ; les couverts du regard. Elle s’appelait Helena, elle était douce et n’avançait jamais un mot plus haut que l’autre. Helena, ce prénom sonnait agréablement dans les souvenirs de Maryse. Ce souvenir précieux continuait de défiler dans les pensées de Maryse. Il lui semblait qu’ils devaient avoir dans les neuf ans. Le maître du domaine vint trouver la petite famille recomposée, il n’accorda aucun regard aux jumeaux. Apres son départ, leur mère adoptive leur annonça qu’ils seraient assignés a différentes taches dans la Maison, l’une au service d’une Demoiselle, l’autre aux travaux des champs. Helena repartait d’un pas lourd à la suite du Sire Lavalière. Le souvenir s’embruma sur cette dernière vision et Maryse revint à son ouvrage, le visage impassible.
Maryse cousait en silence, accompagnée d'un rayon de jour léchant sa nuque délicate courbée sur sa tâche. Cette lueur révélait une couleur pâle d'où prenait racine quelques mèches éparses, couleurs de terre. La jeune femme ne reflétait ni joie ni peine, image personnifiée du labeur vacillante dans la fragile lueur du jour. Le dortoir semblait déserté par ses occupants, silence simplement troublé par le froissement des tissus ondulant entre les mains de la couturière.
Une nouvelle fois perdue dans ses pensées, les images défilaient dans son esprit. Elle devait avoir dans la douzaine d’années. Elle parcourait le château en direction des cuisines à la recherche du thé et de petits gâteaux pour sa maîtresse. Elle coupa par l’extérieur, passant devant les écuries. Elle se souvenait distinctement de ce jour, il pleuvait des cordes et le fond de l’air était frais. Maryse adorait sentir la danse de la pluie sur son visage, courant sous l’ondée battante. Des cris montaient des écuries, paniqués et douloureux. Elle savait qu’elle n’aurait pas dû s’approcher et encore moins espionner, mais ses pas l’y dirigeaient quand même. Arrivant à hauteur de la réserve, elle jetait un œil par la porte entrouverte. La scène s’y déroulant frôlait l’horreur, agressant ses yeux d’enfant. Helena, leur mère, gisait au sol, couverte de coups et de blessures, entourée de soldats du château ; l’un d’eux au-dessus d’Helena, ses braies aux chevilles. Sire Lavalière trônait au milieu de ses guerriers, un sourire malsain et pervers aux lèvres. Horrifiée, Maryse se retint de hurler, plaquant ses mains sur sa bouche. Elle détalait comme un lièvre, courant vers les dortoirs. Elle pleura longuement, recroquevillée sur la couchette de sa mère adoptive. Helena fut amenée, soutenue par quelques servantes puis couchée sur sa paillasse. Maryse se revoyait se jeter auprès de celle qui fut sa mère, son frère accourant vers elles. Helena dans un dernier souffle leur appris leur naissance et la vérité qui l’accompagnait. Le décès d’Helena entraîna la séparation des jumeaux, sur ordres du maître des lieux. Une fois encore le souvenir se brouilla et Maryse en revint à son travail de couture. Ses yeux restèrent secs, fatigués d’avoir tant pleurés.
Accompagnant le ballet des mains de Maryse, l’aiguille piquait inlassablement les étoffes, mordait la fourrure, brodait la soie suivant le rythme indolent imposé par les doigts agiles. Encore et encore, Maryse travaillait les textiles machinalement, pareille à une poupée de porcelaine. Une mélodie vint interrompre la chorégraphie silencieuse, suspendant le geste de la jeune femme qui détourna son regard du coutil. Le tintement strident provenait d'un savant complexe de clochette, toutes différentes, réclamant chacune un domestique auprès de l'une ou l'autre des personnalités de la Maison. L'irritant tapage provenait d'une petite clochette dorée, parcourue de spirales bleutées, quémandant la présence de la domestique auprès de sa maîtresse attitrée. Se redressant avec hâte, la domestique adressa une moue peu sympathique vers la clochette bruyante, promesse d'une nouvelle journée de corvées. Un soupir franchit ses lèvres rosées parsemées de stries blanchâtres, petits boutons de rose gercés par la rudesse de Nivôse.
Maryse se mit en route lentement après avoir laissé glisser son ouvrage sur une malle en bois sombre, la pierre glacée mordant ses pieds nus. Elle se glissa dans l'étroit escalier suivit par le bruissement de sa robe comme seul écho. Son ascension touchait à sa fin lorsqu'apparue la porte de Lady Lavalière de Naron: une lourde porte lacérée de dorures et surement en bois précieux, qu'en savait elle. Elle frappa trois coups brefs guettant la réponse de sa maîtresse de maison; une voix aux notes aiguës très reconnaissable lui répondit de l'autre côté de l'épaisse paroi. Maryse se glissa dans les appartements de la jeune dame, silencieuse. L'odeur suffocante du camphre et de la menthe enveloppait la pièce aux couleurs brûlantes. Chaque fois qu'elle y pénétrait, Maryse se sentait étouffée, engloutie par l'opulence du lue et du mauvais gout. Des couleurs bigarrées, de l'or et des soieries à en donner le tournis, emprisonnant la jeune femme dans une cage dorée. Apparaissait alors, au milieu de ce déluge multicolore, une femme d’âge identique à Maryse à la chevelure trop semblable. Distinguée simplement par des iris chocolat; toisant ceux émeraude de la domestique. Cette ressemblance arrachait un cri silencieux à Maryse pour chaque seconde passé en compagnie de Lady Lavalière. Une demi-sœur. Elle, la bien-née, et elle, la fille d'une domestique. Ce voile si fin, transparent, à peine tangible, parée d'or pour l'une et vêtue de haillons pour l'autre. Arbitrio, qu'elle avait pu maudire sa défunte mère pour sa faiblesse! D'un soupir Maryse balaya cette rage, refoulant sa colère dans la tâche que lui indiquait la demoiselle. Maryse s'approcha de Lady Lavalière, assise devant sa coiffeuse, ses bruits de pas étouffés par le sol jonchés de lourds tapis. La jeune domestique s'affaira à dompter la tignasse soyeuse, souple et bien entretenue; prenant garde à ne pas croiser son image dans le miroir. Les fins cheveux filaient entre ses doigts, cascadant dans le dos de la noble dame, telle de la soie liquide. La brosse en argent dans une main courrait dans les cheveux couleurs terres brûlées, comme de délicate caresse. Ce travail apaisait l'âme de la jeune femme, ouvrage délicat et créatif, elle s'imaginait être une grande dame; osait rêver une place meilleure que la sienne. Pensées brisées lorsqu’elle posa les yeux dans ses homologues bruns, reflets pervers d'une dure réalité illustrée par un somptueux miroir cerclé de nacre. Un fin sourire narquois vint se dessiner sur les lèvres de la bourgeoise, malsain sentiment de concupiscence. Maryse se figeait, ses rêveries ravalées, reposant la brosse, elle reculait d'un pas la tête baissée. Attendant que sa maîtresse ait finit de s'observer, jugeant le travail de la domestique, Maryse malmenait ses lèvres. Lorsque la demoiselle daigna enfin reporter son attention sur la jeune servante, elle plissa le nez, la toisant du regard. Elle affichait ouvertement son dégoût et son mépris.
"Sens tu encore plus mauvais que mon cheval? Depuis combien de temps n'a tu pas pris de bain?"
Ravalant sa dignité, Maryse répondit poliment, la voix égale.
" Le dernier remonte à hier soir, lorsque Mademoiselle a eu la bienséance de partager son thé à l'orange avec moi."
Plissant le nez une nouvelle fois, la notable aspergea sa suivante d'un parfum agressif, saveur puissante de mauvais gout. Baissant la tête et refoulant sa colère, Maryse disposa à la demande de sa maîtresse. La journée défilait pendant que Maryse vaquait à la demande de sa maîtresse, aux grès des demandes de la maison et de ses occupants. A chaque passage devant la grande horloge, la brunette levait les yeux, espérant y lire 20h. Bientôt, bientôt 20h, et elle serait libérée de ses fonctions, bientôt elle accourrait vers lui.
L'horloge sonna longuement son heure, laissant entendre sa douce mélodie aux oreilles de Maryse. Se précipitant vers la partie la plus reculée de l'immense demeure, elle manqua de renverser Sire Lavalière Junior. Que faisait-il ici à cette heure avancée? Elle prit soin de grandement s'excuser, s'inclinant avec tant d'empressement qu'elle manqua une nouvelle fois de la percuter. L'homme qui arborait la même crinière qu'elle, ne bougeait pas d'un pouce, statue de marbre immobile et silencieuse. N'attendant pas que le Lord daigne s'intéresser à elle, Maryse tourna les talons, courant pour rejoindre les archives. Fixant le dos de la jeune femme fuyant, le seigneur la scrutait tel un prédateur devant une proie acculée.
Maryse franchit la singulière porte bardée de fer, puis la tira derrière elle. L'air regorgeait d'odeurs de papiers, d'encre et autres fragrances de parchemins. Une odeur rassurante et coutumière, agréable pour le nez de notre brunette. L'endroit était relativement bien éclairé avec ses grandes fenêtres en arc de cercle d'où émanaient les derniers rayons du jour. Le moment qu'elle préférait: la poussière voletant dans ces ondées solaires donnait une ambiance "surréaliste" à la pièce. Un bruit de page qui se tourne fit naître un magnifique sourire sur ses lèvres, il était là. S'approchant à pas de loup de l'origine du bruit, elle se tendit comme un chat, féline créature tapie de l'ombre d'une étagère. Bondissant vers sa proie elle ne remarqua pas l'étrange stratagème mis en place pour contrer sa venue. La cheville dans un filin de chanvre, le cliquetis d'une trappe qui s'ouvre suivi d'un roulement d'une balle de bois. La suivant du regard, la respiration de la belle battait le rythme imposé par la sphère de bois puis se stoppa lorsqu'elle finit son voyage, bousculant un seau plein. N'ayant pas le temps de bouger, la chasseresse se retrouva couverte de farine. Mortifiée, la furibonde vit le rose se monter aux joues, honteuse de son état d'échec. Se débarbouillant rapidement, elle s'activa à rejoindre son bourreau. Elle passa près de la bibliothèque, pivotant sur sa droite pour apercevoir une touffe brune remuante derrière une colonne de livres. Deux émeraudes la dévisageaient avec amusement, vif reflet des siens, un grain de beauté sous le coin de l'œil gauche, rappelant la couleur de la tignasse du jeune homme. Fin mais solide, résultat du travail aux champs, sa peau claire dessinait avec précision un corps fort sans extravagance. Un fin sourire malicieux trônait au milieu de ce visage si semblable au sien. Reflet masculin de la jeune domestique, son frère, son jumeau, sa moitié.
"Encore trop impulsive ma chère petite sœur."
Il insista lourdement sur le mot "petite", ses lèvres toujours étiré en un fin sourire espiègle. Trop heureuse de retrouver son frère, elle s'empressa d'aller s'assoir sur ses genoux, se blottissant contre lui malgré toutes ses protestations, surement à cause de la farine. Elle s'en fichait, et puis il n'insisterait pas bien longtemps, trop heureux de pouvoir la serrer contre lui.
"Qu'est-ce que tu lis?"
"Un vieil ouvrage sur les Synodes..."
Soupirant, la jeune femme se détourna des loisirs de son frère, profitant de l'instant réconfortant lovée dans ses bras.
Les jours passaient et la vie de Maryse continuait lentement. La Nivose touchait à sa fin et son frère aurait bientôt moins de temps libre. Ils étaient, comme tous les soirs, dans les Archives de la grande demeure. Ils étaient accompagnés de Marco, un vieux domestique assigné à cette partie du domaine. Il était un mentor pour Maryse et Charles, un érudit qui leur contait le monde ; ce monde qu’il avait soit disant parcouru en long et en large.
Pendant l’une de ses histoires interminables, Maryse perçu un léger bruit de pas derrière les étagères. Elle se leva et s’y dirigea, sans crainte. Elle fut surprise par la présence de Lavalière Fils ici et ne réagit pas lorsqu’il l’agrippa brusquement. Elle poussa un unique cri avant que celui-ci ne la bâillonne avec sa large main. De faible constitution, la jeune femme ne réussit qu’à trembler, prisonnière de la poigne de l’homme. Alors qu’elle manquait d’air, la prise se relâcha, son bourreau s’écartant vivement en se tenant la tête. Charles, son frère, avait surgit de l’autre côté de la pièce, suivit de près par le vieil érudit.
Son frère venait de frapper leur maître.
Maryse retint sa respiration, l’air en suspens dans ses poumons, sosie de la scène qui se déroulait sous ses yeux. L’homme lança un regard mauvais aux trois personnes, grogna férocement et tourna des talons rapidement. Reprenant de nouvelles bouffées d’air, Maryse se laissa glisser au sol. L’avenir ne présageait rien de bon. Elle tourna son regard embrumé vers son jumeau, y cherchant un quelconque réconfort ; colère, rage et peur se mêlaient dans ses yeux verts. La réponse ne tarda pas : on vint tambouriner à la porte. Des gardes les attrapèrent rudement et les traînèrent à travers les allées du château. Ils courraient à leur perte, entraînant Marco dans leur sillage.
Arrivés au terme de leur trajet, ils furent jetés à genoux devant Lavalière Père et Fils. Ces derniers les observaient avec mépris, l’œil boursouflé du fils aurait pu rendre cette situation comique, mais rien n’y fit.
« Vous vous rencontrez tous les soirs malgré mon interdiction et vous osez frapper l’un de vos maitres, mon fils ici présent ? »
La question n’appelait aucune réponse. Il tourna son regard noisette vers le vieil homme, qui peinait à rester à genoux.
« Et toi, mon plus vieux serviteur, tu m’as trahi, moi, celui qui t’as tout donné ! Tu as permis à ces enfants de se retrouver, contre mon ordre ! »
Le seigneur fulminait, enrageait même. Il ordonna vingt coups de fouet pour son vieil archiviste. Maryse se mit à supplier, criant presque, leur seigneur. Elle savait que le vieil homme n’y survivrait pas ! Agacé au plus haut point, le Père asséna une gifle monumentale à Maryse, entraînant le redressement fulgurant de Charles. Sonnée, Maryse distinguait difficilement les phrases suivantes.
« Fouet… aussi…… esclavage ….. loin d’ici…. »
A peine plus tard, une cuisante douleur venait lacérer son dos, telle une langue de feu. Claquant encore et encore, Maryse sombra dans les ténèbres accompagnée du sinistre bruit de l’objet de torture. Elle se réveilla que bien plus tard, le métal mordant ses poignets fragiles.
Crédits
Portrait: Image de Chris Ortega, Last Temptation (Dark Spider sur Deviantart)