Sintie
La Sintie (aussi appelée Synty, Orior ou Oriore) est le récit des origines du monde et de la création de l’humanité par Arbitrio. Il constitue donc l’un des éléments fondamentaux du Culte d’Arbitrio et de tous les courants qui en dérivent.
Sommaire
Terminologie
Le récit de l’ordonnance du monde porte plusieurs noms:
- Sintie, terme capitalin dérivé du terme adaarion, est le terme officiellement repris par le Tribunal de Roskilde et le plus utilisé dans le langage courant. Il est aussi utilisé par les autres groupes arbitrés.
- Synty, en adaarion, constitue la forme officielle adoptée par le Monastère Adaarion.
- Oriore, terme capitalin dérivé du terme hura, est le terme le plus couramment utilisé dans le culte phalangiste.
- Orior, en hura et honelingue, est le terme officiel adopté par l’Ordre Phalangiste.
Variations
La Sintie a beaucoup évoluée et fut originellement un récit transmis par tradition orale au sein de l’Ancienne Foi. Elle fut plusieurs fois mise par écrit et il en existe donc plusieurs versions bien qu’elles ne diffèrent que très peu sur le fond. La version sur cette page est la version la plus usitée depuis la conclusion du Concordat de Roskilde.
Le Récit
La Sintie
À l’origine, l’univers n’était que chaos. Aucune loi, aucune règle et aucune forme de vie n’existait. Tout n’était que magma originel, une union de toute chose et une promiscuité élémentaire. Au sein de cet univers, Arbitrio, l’ordre et la sagesse fondamentale, s’éveilla. Il découvrit ce désordre et choisit d’y mettre fin.
Commença le Temps de la Séparation. Arbitrio sépara tout ce qui était uni dans un magma chaotique. Il sépara le vide et le plein. Il sépara les étoiles et le monde. Il sépara la roche et l’air, l’eau et la foudre, la chaleur et le froid, le vent et la terre, la vie et la mort. Enfin, il se sépara du temps qu’il utilisa pour féconder le monde.
Ainsi, Arbitrio fut satisfait. Il observa le monde qu’il avait ordonné. Il observa les bêtes et les plantes proliférer et prospérer. Le monde se mit à vivre sous ses yeux.
Pourtant, les bêtes grandirent odieusement. Elles développèrent griffes et cornes, serres et crocs, poisons et écailles. Elles devinrent monstrueuses, vicieuses et enragées. Dans le monde ordonné par Arbitrio, elles ramenèrent le chaos, faisant pourrir toute vie, avilissant et pervertissant toutes choses jusqu’à ce que mêmes rochers et brins d’herbe conspirèrent à la destruction de ce avec quoi ils étaient supposés vivre en harmonie.
Face à ceci, Arbitrio contempla et pleura.
Commença le Temps de la Discipline. Arbitrio se rendit au sein du monde. De ses mains, il brisa le règne des bêtes. Brisant leurs corps hideux, il détruisit leurs corps tordus et libéra leurs esprits pervertis. Il annihila les ronces du monde et purgea la terre. Au lendemain de sa victoire, Arbitrio se mit au chevet du monde. Il purifia les bêtes de leurs attributs monstrueux et assainit les plantes. Ainsi naquirent les bêtes de bonne vie et bannis furent les grands monstres. La terre cessa de suinter de pus et se mit à offrir des fruits.
Ainsi, Arbitrio fut satisfait. Il observa le monde qu’il avait discipliné. Il contempla le doux flot des mers, savoura les fruits purs du sol. Le monde prospéra à nouveau dans l’ordre sous ses yeux.
Pourtant, les bêtes ne parvinrent point à vivre en paix. Le loup prit goût pour la viande. Le chat devint chasseur. La roche dissimula ses richesses. Les fruits se parèrent de froides coquilles et d’infectes peaux. Bêtes et plantes s’affrontèrent à nouveau entre elle, se combattirent afin de vivre et croître au détriment de leurs compagnons et une rage primaire anima toute vie. La vie du monde devint survie.
Face à ceci, Arbitrio comprit que le désordre était essence du monde et qu’il le défiait.
Commença le Temps du Sacrifice. Se sachant sage et ordonné, Arbitrio contempla le monde animé par la rage et la passion. Arbitrio plongea sa main dans sa poitrine et en arracha son coeur battant. Il leva son coeur et le présenta au monde. De sa puissante main, il le sculpta et lui donna forme. Cette forme, il la fit belle et bonne, dénuée des armes des bêtes. Satisfait de son ouvrage, Arbitrio porta son coeur sculpté à son visage et l’infusa de son souffle. Ainsi, il lui offrait parole et esprit. Il nomma cette création “homme”.
Ainsi, Arbitrio fut meurtri mais était satisfait. Il avait insufflé dans le monde sa propre essence afin qu’elle s’y diffuse et prospère. Les hommes marchaient dans le monde et Arbitrio se reposa.
Pourtant, les hommes ne parvinrent pas à domestiquer les bêtes. Ils se mirent à imiter la bête, n’écoutèrent que les passions que leurs corps hurlaient à chaque instant en eux-même et cessèrent de se tenir debout. Ils se laissèrent aller à posséder une fourrure, à laisser leurs ongles devenir griffes, à acérer leurs dents pour en faire des crocs et devinrent prédateurs.
Face à ceci, Arbitrio comprit que l’homme était limité et oubliait.
Commença le Temps de la Loi. Arbitrio contempla ses enfants qu’il forma à partir de son coeur, avili par leur vie au sein des bêtes. Il comprit que l’esprit qu’il leur insuffla était vide de son savoir infini et que l’Homme avait besoin de loi. Il descendit à nouveau au sein du monde. Il prit les hommes avilis et les releva. Il tailla leur toison, leurs griffes et leurs crocs afin de leur rendre la forme qu’il leur avait donné. Il les rassembla autour de lui et leur enseigna. Ainsi, les hommes apprirent à user de leur langue, des mains habiles qu’Arbitrio leur offrit et reçurent le don du feu. Les hommes jugèrent allégeance à Arbitrio. Afin qu’ils se souviennent de tout cela, Arbitrio arracha son œil et le plaça dans les cieux afin qu’il scrute les hommes au moment des Ténèbres. Ainsi naquit la lune qui éclaire la nuit.
Ainsi, Arbitrio avait payé de sa chair mais avait confiance que le monde vivrait en bonne loi. L’humanité s’éleva au-dessus des bêtes et prospéra.
Pourtant, les hommes ainsi doté de savoir et de loi ne furent pas en paix et en ordre. Ils se querellèrent, désireux de posséder ou de pouvoir. Les hommes cherchèrent à user des lois et du savoir, non pas pour bien vivre, mais pour jouir davantage, pour servir leurs pulsions. Ils brisèrent leur union, se mirent à parler plusieurs langues et à créer des armes en lieu et place d’outils. La loi et le savoir furent mis au service de leur colère, de la rage du monde qui bouillonnait en eux. Ils se levaient et s’adressaient à Arbitrio comme un mauvais enfant à son parent. Chacun réclamait qu’Arbitrio se mette à leur service, qu’il leur garantisse la victoire, qu’il leur offre davantage et approuve leur colère.
Face à ceci, face au monde qui s’était rendu étranger de lui et se mettait à exiger de lui le désordre au lieu de s’ordonner à son image, Arbitrio, déçu, meurtri et las, se laissa une unique fois à ressentir cette colère.
Commença la Déchirure du Dernier Temps. Arbitrio descendit dans le monde et sa voix divine se fit entendre dans l’univers entier, frappant d’effroi et de surprise toute chose. Et aux hommes, il parla. Il fit valoir tout ce qu’il avait fait de bon en l’univers et ce qu’il leur avait donné. Il fit valoir la déception qu’il avait du monde des hommes comme il l’avait été du reste du monde. Il leur rappela leur mission oubliée en laquelle ils avaient échoué.
Afin que les hommes comprennent les conséquences de la rage du monde, il les fit mortel. Il fit vie et mort. Des morts, il reprit son souffle et annonça que désormais, seuls ceux qui auront été purgé de la colère pourront le rejoindre en son sein.
Ainsi Arbitrio parla et ainsi Arbitrio agit. Il se sépara du monde. Ses lèvres et son oeil borgne se scellèrent et Arbitrio sombra dans le silence. Il fit le serment qu’il ne rouvrirait ses lèvres et son œil que lorsque l’humanité aura compris sa mission, l’aura mené à bien et se sera montrée digne de lui. Alors, elle saura comment le retrouver et l’éveiller. Ce jour-là, l’enfant sera réuni avec le parent et la Félicité Universelle commencera.
Trivia
Le texte était originellement appelé “genèse”.