Utilisateur:Fèlix
Sommaire
Description
Lorsqu'il s'exprime, certaines parties de son visage semblent rester inertes.
Fèlix est particulièrement naïf — les mauvaises langues diront qu'il est simplet. Il s'exprime avec un vocabulaire relativement restreint, mais il arrive tout de même à exprimer le fond de sa pensée — même si cette dernière n'est pas forcément de premier intérêt. Bien que disposant d'attributs physiques qui pourraient lui assurer un rôle de brute épaisse, Fèlix abhorre la violence au plus haut point. Cela va même plus loin que la détestation : il craint et fuit la violence. Cette dernière provoque chez lui une terreur absolue.Choix
- Fermier : du fait de son existence passée à travailler la terre.
- Dressage/élevage : Fèlix s'est également longtemps occupé des animaux, avec lesquels il dispose d'une empathie naturelle.
Talents
- Fort
- Empathie avec les animaux
Défauts
- Naïf (voire un peu simplet)
- Mauvais nageur
- Peureux
- Crainte irrationnelle des cours d'eau
Histoire
RolePlay :
501 : un après-midi de Thermidor, Fèlix, en enfant solitaire, alla jouer seul près de la rivière. Sur son chemin, il croisa le chemin d'un petit cochon qui s'était coincé dans des branchages qui bordaient des rapides. D'un naturel généreux, Fèlix tenta de se frayer un passage jusqu'à l'animal pour le sauver. Il réussit sans problèmes, mais le cochon se mit à se débattre dans ses bras, déséquilibrant le garçon. Il chuta et sa tête frappa lourdement sur la pointe d'une des pierres affûtées qui perçaient les courants. Fèlix resta ainsi plusieurs jours dans le coma, et alors que tous les espoirs qu'il survive s'éteignaient, il se réveilla miraculeusement. Hélas, cet incident ne resta pas sans séquelle : le développement cérébral du garçon fut sévèrement impacté, et une certaine inertie de quelques parties de son visage se développa dans les années qui suivirent. Mais Fèlix s'était fait un nouvel ami, le frère qu'il n'avait jamais eu : Alberto, surnommé "Al", le petit cochon qu'il avait sauvé.
504 : Fèlix a désormais 7 ans, et il est assez grand pour aider son père, Frédérico, à s'occuper de la ferme. Il est bien plus grand que les autres enfants de son âge, mais cela n'empêche pas ces derniers d'en faire un martyr : en effet, Fèlix est tétanisé par la violence et son premier réflexe est souvent de se rouler en boule au sol en fermant les yeux. Mais un jour, l'un des enfants, un certain Paco, tenta de s'en prendre au petit cochon — devenu plus grand —, Al. En voyant Paco et quelques autres bambins en train de jouer cruellement avec Al, Fèlix entra dans une rage folle : il poussa un grand cri et fonça en leur direction. Paco termina l'après-midi avec le bras cassé — blessure qui laissa des séquelles définitives. Depuis lors, Fèlix inspira la crainte aux enfants des fermes alentour. Lorsque son père eut vent de ces évènements, il flanqua une raclée particulièrement sévère à son fils. En effet, Paco était le fils du fermier le plus important du patelin, et se le mettre à dos était la dernière chose dont Frédérico avait besoin.
506 : presque deux ans s'étaient écoulés depuis la blessure de Paco, et ce dernier ne pouvait plus travailler à la ferme familiale, ce qui constituait un fardeau considérable : une bouche improductive à nourrir. Très influente, cette famille entretint une haine farouche envers Frédérico et en particulier Fèlix. Cet idiot du village était perçu comme un dangereux géant qui finirait par tuer quelqu'un. Un soir, comme à son habitude, Fèlix partit s'installer dans les bois pour camper à la belle étoile : l'ambiance à la ferme était intenable, Frédérico buvait de plus en plus, et était de plus en plus désagréable avec son fils, lui reprochant la disparition de sa femme. Durant la nuit, Fèlix fut réveillé par une forte odeur de brûlé. En se redressant, il constata qu'une épaisse fumée noire cachait le ciel quelques bosquets plus loin. Il courut le plus vite possible, mais il était déjà trop tard : la ferme de son père était en feu. L'incendie dura toute la nuit, et quelques autres fermiers vinrent l'aider à éteindre le brasier. Au matin, il ne restait plus que quelques cendres et le corps calciné de ce qui fut le père de Fèlix. Tout le monde regardait Fèlix avec suspicion : cet idiot aurait été capable de déclencher un incendie sans même le vouloir, tellement il était gauche et stupide. L'un des villageois, un vieil homme affable qui ressentait une certaine pitié pour Fèlix, lui conseilla de fuir : "Mon p'tit gars, le latifundio cherchera pas plus loin que l'bout d'son nez, et y va t'arriver des misères si tu restes dans le coin". Face à cette hostilité, il n'eut d'autre choix que de prendre quelques affaires épargnées par les flammes et d'embarquer Alberto avec lui sur les routes.
Le voyage fut rude : sans argent, et perdu au milieu de la République Marchande de Caroggia avec un cochon — une ressource précieuse pour ceux qui ne mangent de viande qu'une fois dans l'année ; ce fut presque un miracle que Fèlix ne se retrouvât pas dépouillé et laissé pour mort. Après plusieurs jours de marche sous le soleil brûlant caractéristique de la région, Fèlix et Al finirent par trouver une grande route. En suivant ce chemin, les deux compagnons croisèrent des panneaux et des indications, mais Fèlix était absolument incapable de déchiffrer quoi que ce soit. D'ailleurs, il n'avait jamais rencontré quelqu'un capable de lire voire même d'écrire. Il avait toujours eu une sorte de fascination lorsque son père lui racontait les histoires de son oncle, qu'il n'avait jamais connu, qui était "monté" à Caroggia et qui était désormais en capacité de cette étrange magie qui transformait des gribouillis et des symboles en phrases souvent très alambiquées qui semblaient dire des choses importantes sur le monde*.
Quoi qu'il en soit, ils devaient sûrement avancer vers une cité, car la route se faisait de plus en plus large et de profonds sillons parallèles venaient la déformer, signe des passages répétés des attelages. Bientôt, la terre jaune et craquelée fit place à des pavés. Après près d'une heure de marche, Fèlix finit par être dépassé par une caravane marchande. Bien qu'il fut plus grand que la moyenne de son âge, Fèlix n'avait alors que 9 ans, et la vue des chevaux ainsi que des gardes aux armures cliquetantes et armés jusqu'aux dents imprima chez lui une image terrifiante.
507 : Fèlix et Al avaient fini par échouer dans une ferme aux environs de la cité d'Horitzo, qui se trouvait à quelques jours de marche. Un vieux couple de paysans, Camila et Quirino, avait aperçu cet étrange garçon rôder dans les parages avec son cochon à la fin du Thermidor. Se faisant de vieux os, et n'ayant pas de descendance — pour des raisons de stérilité — et étant donnée la stature du garçon, ils l'approchèrent et lui proposèrent gentiment de venir s'installer avec eux. En échange, Fèlix devrait les aider à entretenir la ferme. La faim devenant de plus en plus grimpante au fur et à mesure que les beaux jours se raréfiaient, Fèlix accepta. Camila et Quirino devinrent rapidement une nouvelle famille pour Fèlix. Ces derniers comprirent très rapidement qu'il ne fallait pas évoquer une éventuelle mise à mort du cochon lorsque ce dernier serait plus vieux, mais ils comprirent également que le jeune garçon avait, disons, quelques problèmes de compréhension. Ils laissèrent ainsi Alberto tranquille, avec pour idée de le mettre à mort discrètement un jour où Fèlix se rendrait en ville pour faire des achats. Il suffirait ensuite de duper le garçon, lui faisant croire à une fugue de l'animal.
514 : sept années passèrent paisiblement. Fèlix avait considérablement gagné en force, et assurait les tâches les plus épuisantes de l'exploitation. Alberto avait lui aussi bien grandit, et pris du poids. La ferme leur permettait tout juste de subsister, tout en mettant un petit peu d'argent de côté. Camila se faisait de plus en plus faible, et le médecin de campagne, Sylvio, posa son diagnostic : elle souffrait d'une tuberculose, et elle ne passerait pas le prochain Nivôse si elle ne se rendait pas à la montagne durant le Thermidor pour aérer ses poumons. A la fin du mois de janvier, Quirino prit la décision d'emmener sa femme et toutes leurs économies à Horitzo afin de trouver une caravane. Malheureusement, ils arrivèrent au moment où la peste — aujourd'hui connue sous le nom de peste de la Vellabria — commençait à frapper Horitzo. Ils furent, comme de nombreux habitants, enfermés dans la ville. Malgré tous leurs efforts, ils finirent par ne plus avoir assez d'argent pour payer l'auberge et se retrouvèrent livrés à eux-mêmes dans les rues de la cité. La maladie de Camila empira drastiquement, et elle finit par succomber suite à de nombreuses infections. Quirino, seul, en haillons, en état de sous-nutrition, se laissa mourir, rongé par le chagrin. Au milieu du mois de février, Quirino décéda des suites de la peste.
De son côté, Fèlix ne se doutait de rien. Il commença à trouver la situation étrange en observant que de nombreuses personnes fuyaient Horitzo, mais Fèlix ne pouvait pas trahir la confiance de Quirino et il devait continuer à s'occuper de la ferme. Le seul problème qu'il rencontrait était pour la mise à mort des animaux : il en était tout bonnement incapable. Il se contentait de récolter du lait ou de la laine mais il ne pouvait pas en abattre un. Un jour, Quirino avait tenté de lui apprendre, mais Fèlix avait finit par lâcher le couteau, tremblant et larmoyant.
Les mois passèrent, et Quirino et Camila ne rentraient toujours pas.
515-516 : après une année complète sans aucune nouvelle de Quirino et Camila, Fèlix continuait malgré tout à se réveiller tous les matins avec l'espoir de retrouver Camila dans la cuisine, préparant la collation matinale, avec Quirino en train de se plaindre de son mal de dos et de cette "foutue ferme". Mais il n'en était rien. L'endroit restait vide. La ferme n'avait pas survécu à l'absence de Quirino, et Fèlix ne pouvait pas décemment s'occuper de tout tout seul. La plupart des terrains étaient envahis par les mauvaises herbes, et Fèlix ne se concentrait que sur des parcelles réduites qui lui permettaient de s'alimenter.
Mais le Thermidor de 515 fut particulièrement chaud et sec, et les réserves que Fèlix avait l'habitude de faire pour le Nivôse n'étaient clairement pas suffisantes. Si Fèlix et Alberto restaient ici, ils n'allaient pas passer l'année. Il prit donc la décision, à la fin du Thermidor, de laisser la ferme et de partir avec les quelques moutons et vaches en sa possession en direction d'Horitzo, sur les traces de Camila et Quirino. Rapidement, Fèlix vendit ses animaux — hormis Alberto — et s'enfonça au coeur de la ville. L'ambiance qui y régnait était morose et sombre. La peste avait laissé des traces, et les visages des survivants étaient creusés par l'horreur et la tristesse. Avec l'argent qu'il avait obtenu, il s'installa dans une auberge avec Alberto, ce qui ne manqua pas d'attirer les regards ainsi que le mécontentement de l'aubergiste, qui accepta malgré tout que le cochon partage la chambre de Fèlix en échange d'une compensation. Ayant quelques difficultés avec les chiffres, Fèlix se faisait très facilement berner, et il se retrouva rapidement à court d'argent. Il passait ses journées à arpenter les rues, à la recherche d'une quelconque information sur Camila et Quirino : en vain. Ces derniers avaient été brûlés avec les autres pestiférés et n'étaient plus que cendres.
Un soir, découragé, Fèlix alla s'accouder au comptoir, toujours accompagné par son cochon. Un individu, dont la blancheur des dents contrastait avec le teint mat de sa peau tannée par le soleil, s'installa à ses côtés. Après quelques instants, l'homme se tourna vers Fèlix, un large sourire venant fendre son visage, révélant quelques rides au coin de ses yeux. Il se nommait Renato, et travaillait comme docker. Très rapidement, il mit Fèlix en confiance, et lui fit servir de nombreux verres. Malgré sa carrure, Fèlix était encore jeune et n'avait jamais bu autant d'alcool en si peu de temps. Sa vision devint flou, tandis qu'une douce euphorie s'emparait de lui : la vie semblait d'un coup moins brutale, moins compliquée, moins insupportable. La soirée s'étira, et Fèlix finit par tomber lourdement sur son lit et s'endormit rapidement.
Ce furent les cloches qui réveillèrent Fèlix. Il était midi, et un affreux mal de crâne lui barrait le front. Et puis... Alberto était introuvable. Paniqué, Fèlix arpenta la ville en long, en large et en travers. Une fois arrivé aux quais, il aperçu de loin une silhouette familière... Renato. Il était là, accompagné d'autres dockers. Fèlix s'approcha, et demanda où Alberto était passé. Les hommes le regardèrent, sans comprendre. Alors qu'il bafouillait quelques mots, il réussit à expliquer qu'il s'agissait de son cochon. A ce moment, les yeux de Renato s'écarquillèrent :
— Je crains que tu ne reverras pas ton cochon mon pauvre vieux.
En disant cela, Renato pointait un groupe de gardes qui passait le long des quais.
— Ce sont ces types là qui l'ont embarqué. Je n'ai rien pu faire.
Renato posait sa main sur l'épaule de Fèlix, tout en peinant à dissimuler à un sourire moqueur à destination de ses camarades. En entendant ces mots, le sang de Fèlix ne fit qu'un tour : Alberto était la seule famille qui lui restait, personne n'avait le droit de lui faire du mal. Certes, c'était un cochon, mais il ne méritait pas qu'on lui applique le traitement cruel que les hommes réservent habituellement à ceux de son espèce. Les poings serrés, les yeux bouillonnant de rage, Fèlix s'avança vers le groupe de gardes. Quelques rires autant étonnés qu'étouffés résonnaient derrière lui, mais Fèlix n'entendait plus rien. Il n'entendait pas non plus les gardes qui lui crièrent de reculer. Pas plus qu'il n'entendit la clavicule du premier garde craquer sous ses poings tandis qu'une lance lui blessait le flanc, le mettant à genoux. De nombreux coups suivirent. Félix fut rossé durant de longues minutes avant de perdre conscience.
Doucement, Fèlix ouvrit les yeux. En premier lieu, il ne vit rien, mais après quelques secondes, ses pupilles s'ajustèrent à l'obscurité, révélant une petite pièce entièrement en pierre. Des barreaux en bloquaient la sortie, qui menait à une sorte de couloir où de nombreuses autres cellules s'alignaient. La faible lueur qui éclairait Fèlix provenait d'une petite fente, à peine plus large qu'un doigt, taillée dans le haut du mur auquel il était appuyé. Les souvenirs de Fèlix étaient flous, mais il se souvenait qu'il avait eu une altercation avec un groupe de gardes... Ses pieds étaient ankylosés, et il décida de changer de position. Un bruit particulièrement désagréable, caractéristique du métal frottant la pierre rugueuse, lui parvint aux oreilles. Une vive douleur le lança à son flanc gauche. Il se souvenait, maintenant ! Renato, Alberto, l'ivresse, les gardes... Tout était confus dans sa tête. Fèlix souleva ses vêtements tachés de sang, et remarqua que sa blessure avait été nettoyée et cousue — bien que de façon quelque peu grossière.
Juin 516 : après un jugement expéditif, Fèlix fut vendu en tant qu'esclave et placé dans les cales d'un de ces navires à destination d'Esperia.