La legende d'Ambre Valebriard : Différence entre versions

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== Chapitre 1 : Une invitée inattendue ==
 
== Chapitre 1 : Une invitée inattendue ==
  
''A venir...''
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''« Ce qu’il est important de comprendre, c’est que ces vieilles tombes ont été abandonnées pendant des siècles – même avant que notre chère Verte-Garenne ne fût qu’une motte de terre ! »'' Le lapin huppé agita sa patte dans un geste délibéré mais vide de sens. ''« Mais on ne peut rien supposer. Les pièges qui s’y trouvent, oserais-je dire, fonctionnent aussi bien maintenant qu’ils ne fonctionnaient le premier jour. »''
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Une foule de lapins, tous membres des trois familles de la Maison du patrimoine de Verte-Garenne, se sont penchés plus près de leur mystérieux invité. ''« Oh, dame Carmina, vos histoires sont tout simplement stupéfiantes! »'' Un autre lapin a insisté : ''« S’il vous plaît, vous devez nous en dire plus! »''
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Dame Carmina, comme on l’appelait, était une nouvelle venue à ce bal de la haute société. Sa fourrure était un blanc immaculé, vêtu d’un merveilleux mélange de style caroggian, tissé en ambre doré et en noir obsidienne. Par-dessus son épaule, un magnifique fourreau se dressait. Ses motifs envoûtants attiraient bien des regards.
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Depuis l’arrivée de Carmina, la foule se délecte d’histoires de bravoure – des récits que les premiers vrais lapins des familles Griffetoise, Aurorin et Gardejade n’ont entendues que des ménestrels et des bardes de passage. Leurs vies étaient celle de l’opulence et de l’aristocratie rigide, remplie du décorum écrit exigé des lapins dont les familles servaient à la Maison du Patrimoine. De telles histoires étaient normalement du ressort de familles « inférieures » – comme celles de la Maison de l’épi.
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Le bal lui-même ne célébrait rien en particulier. De tels événements n’étaient rien de plus qu’une démonstration de pouvoir de la famille Griffetoise, la famille la plus riche et la plus prestigieuse de la ville souterraine qu’était Verte-Garenne : l’une des plus grandes du territoire des lapins. La musique se répandit dans la vaste salle de bal, alimentée par des harpes et des luths. Les serviteurs tissaient habilement entre les mondains de la classe supérieure, offrant nourriture et boisson pendant qu’ils se mêlaient.
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''« Eh bien, si vous insistez, mes amis »'', a déclaré dame Carmina. ''« Je vais raconter une autre histoire avant de prendre ma retraite de cette veillée. »''. Elle agita sa lame autour de la salle de bal, attirant les yeux de son auditoire. ''« Quel endroit incroyable, pensez-y ! Magnifique par sa taille et sa insolite par sa voûte, la famille Griffetoise excelle dans le domaine du singulier ! »''
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''« Vous êtes trop bon, mon cher invité. »'' Une nouvelle voix s’est fait entendre. La foule s’est retournée avec révérence, se retirant pour faire place. dame Cressida, haute matriarche de la famille Griffetoise, avança. Sa fourrure était un nuancé dégradé de noir et blanc, avec deux cercles distincts de noir autour de ses yeux -- lui donnant un regard impassible. Elle était vêtue d’une parure verte émeraude des Griffetoises, probablement la robe la plus chère jamais fabriquée dans les terres lapines. La matriarche Griffetoise lança à son invité un sourire désarmant. ''« Je ne voulais pas vous interrompre, ma chère dame Carmina. Je suis simplement curieuse d’entendre le reste de votre histoire. »''
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Dame Carmina eut l’air stupéfaite un instant, mais se remit rapidement. ''« Oh, ah, bien sûr! Oui, bien sûr. Alors oui, dame Griffetoise, cet espace que votre famille remplit gracieusement de tant d’invités est énorme et tout à fait incroyable, mais croyez-vous que même cette grande salle ferait pâle figure par rapport au dôme de Morcetaupe ? »''
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''« Le dôme de Morcetaupe ! »'' La matriarche de Griffetoise s'esclaffa. Les autres dans la foule ont suivirent. ''« Quel nom affreux! »''
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''« C’est un endroit ancien »'', déclara Carmina. ''« Construit par les plus sombres de nos ancêtres. Au plus profond du pays, elle jaillit de la terre comme une cicatrice, invitant des aventuriers téméraires dans ses profondeurs les plus sombres ! »''
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dame Griffetoise s’est éclairci la gorge. ''« C’est ce que tu es, ma chère ? Téméraire? »''
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''« Oh, non, madame! Je me qualifierais plutôt d’experte en la matière. » « Percer d’anciennes tombes? Voler des objets de famille précieux? »''
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Elle souri. ''« Se faufiler dans les fêtes sans y être invité? »''
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Le mystérieux lapin parmi eux commença à regarder autour d’elle avec nervosité. ''« Je... je ne... »''
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''« Pensez-vous que je suis une imbécile? »'' La voix de la Griffetoise est passée d’une voix humble à un froid glacial, retentissant autour de la chambre souterraine. Inactive.
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Les conversations autour d’eux ont commencé à se calmer en réponse. ''« Il n’y a pas de famille Carmina. Vous pouvez rassurer mes invités et mes gardes, mais je reconnaîtrais la fille d’un Valebriard n’importe où. »''
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Une série de halètements décalés a balayé la foule. Les musiciens cessèrent de jouer, un par un, remplissant la salle de bal d’un silence inquiétant.
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''« Oui, voyez-vous maintenant? »'' dame Cressida a pointé une griffe accusatrice sur le lapin mystère. ''« De telles histoires grossières ne conviennent qu’à une telle famille. Puis-je présenter à mes très chers amis de la Maison du patrimoine, dame Ambre Valebriard, fille aînée de la famille Valebriard? »'' Elle ricanait d’Ambre. ''« Et de leur réputaion...originale. »''
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Tous les yeux de la foule tombèrent sur l’invité non invitée, mais les siens étaient focalisés sur Cressida. ''« Ce n’était pas toujours le cas, comme vous vous en souvenez. »'', a déclaré Ambre.
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La matriarche Griffetoise ria. ''« Vous et votre famille vivez dans un passé qui vous a beaucoup mieux traité que vous ne l’avez jamais mérité. »'' Elle a agité une patte. Un garde revêtu de l’insigne de Griffetoise s’est rapidement hissé derrière Ambre. ''« Il semble que dame Valebriard se soit trompée en pensant que j’accueillerais un membre de la famille dans mon domaine. »''
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''« Dois-je… la retirer, dame Griffetoise? »'' demanda le gardien.
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''« J’aurais toujours besoin de plus de serviteurs »'', raconte Mme Cressida en jetant un coup d’œil sur Ambre. ''« Bien que je ne sois même pas sûr que je ferais confiance à un Valebriard pour être autour de mon quotidien. »''
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Elle jeta un coup d’œil au sac en cuir qui pendait sur le côté d’Ambre. ''« Fouillez son sac. »''
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Le gardien ouvrit le sacoche. Tout le monde s’est penché curieusement. Il n’y avait pas de pièces de monnaie ou de bijoux brillants, au lieu de cela, le garde n’a vu que des morceaux de pain et de pâtisseries enfoncés à l’intérieur.
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''« La nourriture de la fête, dame Griffetoise. »''
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Un sourire vicieux se glissa sur le visage de Cressida. ''« N’est-ce pas précieux! Notre grande aventurière est passée de piller des tombes à piller le garde-manger! »''
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Plusieurs invités commencèrent à ricaner et à rire sans retenue.
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''« Qu’elle garde ses restes »'', a dit Mme Cressida au gardien. ''« Un symbole de ma bienveillance. »'' Elle tourna son regard vers Ambre. ''« En plus du fait que j’ai décidé de ne pas vous remettre à la Garde parlementaire. Vous devriez me remercier. »'' Elle s’est arrêtée, les bras croisés. ''« Alors, merci. »''
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Ambre a grincé ses dents. Elle savait que ce n’était pas le moment de résister. Elle a pris une profonde respiration calmante. ''« Merci, dame Griffetoise. »''
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Cressida rit, comme si le geste ne signifiait rien pour elle, puis se détourna. ''« Hors de ma vue. »''
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Le garde l’a poussée, sortant précipitamment de la salle de bal, à travers la galerie d’entrée de la famille Griffetoise, jusqu’à la sortie du tunnel. Pour faire bonne mesure, il a poussé Ambre par-dessus le seuil, l’envoyant s’étendre sur le pont qui reliait le terrier Griffetoise avec le reste de Verte-Garenne. Son fourreau s’est accroché à la pierre, roulant loin d’elle. Des bavardages éclectiques et de la musique résonnaient du domaine Griffetoise et traversait le pont pavé; Le parti de dame Cressida a continué sans relâche. Même dans l’humiliation, les Valebriards furent vite oubliés.
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''« Retournez à votre terrier, Valebriard. »'' Le gardien grogna. ''« Et si nous vous retrouvons ici sans invitation, vous ne partirez pas. Pas en un seul morceau. Compris ? »''
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''« Comme on comprend un marteau sur un crâne »'', a dit Ambre en se dépoussiérant. Puis, sous son souffle : ''« Même si le votre rechignerait sous cet effort. »''
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''« Qu’est-ce que c’était? »''
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''« Rien. »'' La Valebriard secoua la tête et récupéra son arme avant de traverser le pont en courant.
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Verte-Garenne était, comme chaque lieu-dit du territoire des lapins, une ville autonome construite profondément sous terre par les meilleurs artisans; les seules indications de son existence au monde extérieur sont les tours d’entrée en calcaire poli qui parsèment le paysage verdoyant au-dessus.
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Ambre a finalement traversé le pont pavé et a continué le long du sentier lisse et savamment sculpté menant au quartier central de Verte-Garenne. De nombreux sentiers en pierre, appelés « pistes », s’étendent sur la voie de circulation. Les crieurs de la garenne firent leur office et annoncèrent que minuit sonnait. Il était juste assez tard pour que personne ne remarque qu’Ambre s’était précipitée sur la piste principale puis dans un passage latéral isolé.
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''« Voyons ce que nous avons ici… »'' Ambre tenait son fourreau et, d’un simple clic d’un petit interrupteur caché, en détacha le pommeau pour révéler une minuscule cavité. Un morceau de parchemin s’y trouvait – le seul et unique objectif de son incursion dans le domaine Griffetoise. Elle l’enleva et, d’un coup de poignet, l’ouvrit.
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Des lampes à huile et des chandelles provenant des petites maisons parsemées dans l’intérieur caverneux se reflétaient sur les veines cristallines de minerais et de minéraux haut dans le plafond, le long des murs, et profondément dans l’obscurité en dessous – scintillant comme des étoiles perdues emprisonnées profondément sous la terre. Il y avait plus qu’assez de lumière pour qu’Ambre confirme que l’objet qu’elle tenait était l’objet de son désir : une carte, dont on dit depuis longtemps qu’elle était cachée derrière un tableau spécifique dans le terrier Griffetoise. Ambre avait réussi à la libérer juste avant que les gardes ne la remarquent en marchant dans la galerie et ne la dirigent vers la salle de bal principale.
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Ambre soupira avec nostalgie avant de revenir sur la carte dans sa patte. Le contenu même de la carte ne lui avait jamais été expliqué clairement avant ce moment – la seule chose sur laquelle elle avait dû continuer son périple était la certitude qu’une carte existait, mais les histoires divergeaient sur ce qu’elle menait exactement. Peut-être qu’elle conduit à une sorte de trésor, ou peut-être un artefact ancien, ou une tombe perdue. Mais Ambre espérait autre chose : le joyau de la Voûte émeraude, l’un des nombreux trésors antiques « perdus » des Griffetoises. Bien sûr, pour entendre le père d’Ambre l’expliquer, le trésor n’était pas vraiment un bijou, et n’appartenait pas du tout aux Griffetoises. Pour l’entendre le dire, le trésor avait été « forgé dans la vallée de la bruyère, perdu par de fières griffes ». Une allusion peu subtile au premier des nombreux conflits que les dynasties de lapins se livreraient au fil des ans.
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Ambre fouillait la carte pour y trouver des annotations ou des images révélant les secrets qu’elle révélait. Hélas, elle confirmait seulement qu’il y avait effectivement des secrets à trouver. D’après son apparence dans une vieille tombe, environ deux jours de voyage au nord-nord-est au-delà de Verte-Garenne.
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La longue marche de retour du terrier Griffetoise était calme – la course principale bientôt reliée au centre de Verte-Garenne, où les sentiers de pierre étaient plus larges et reliaient tous les terriers de la famille au marché principal et aux quartiers parlementaires. Ambre dépassa une dérivation de la piste centrale marquée d’une plaque de plomb – le terrier Aurorin se trouvait par là. Elle pouvait sentir la chaleur de leurs forges quelque part au-delà et voir le système massif de tuyaux d’échappement en métal qui était accroché le long du mur de la garenne à la surface.
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''« Avancez, madame »'', a averti poliment une voix. Revêtus d’une plaque d’or et munis de lances décoratives, les protecteurs Aurorin paraissaient beaucoup plus imposants que les défenseurs en velours et en queue de chaîne des Griffetoises.
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Bien que la garde parlementaire ait protégé Verte-Garenne lui-même, il n’était pas rare que de grandes familles construisent leurs propres gardes personnelles pour défendre leurs terriers et faire respecter leur volonté dans l’ensemble de la Garenne. Les Valebriard avaient leur propre milice, mais c’était il y a longtemps.
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Ambre soupira et inclina la tête, acceptant le garde Aurorin et avançant plus bas dans la course. Sur un chemin sinueux, bien au-delà, le Terrier Valebriard s’élevait.
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La mère d’Ambre bloquait l’entrée du terrier familial. Elle était jeune pour une matriarche de famille, mais les saisons de conflits et les moments difficiles l’avaient vieillie prématurément. Bien qu’elle partageait la fourrure blanche immaculée de sa fille, elle est apparue moins crayeuse ces dernières années. ''« Ton père et moi étions très inquiets, mais tu le sais déja. »''
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''« Oui... »'' Ambre hocha la tête, la reconnaissant à peine. ''« J’avais quelque chose à faire. »''
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Dame Valebriard laissa sa fille se promener derrière elle dans le foyer principal. ''« Tu es allée à cette fête, n’est-ce pas? »''
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Ambre déboucha la pochette de sa ceinture et la posa sur une vieille table en bois. Le terrier Valebriard était autrefois une merveille du territoire des lapins, rempli des plus beaux meubles construits par les meilleurs artisans du clan. La plupart de ces choses avaient été vendues aux enchères – Ambre avait vu plus de quelques morceaux de son enfance dans les couloirs du domaine Griffetoise plus tôt dans la soirée. Leur terrier était en mauvais état. Des ailes entières s’étaient effondrées, et sa famille a été forcée dans des espaces de plus en plus petits. Le foyer principal ne comportait rien de plus que la vieille table et une demi-douzaine de chaises en bois délabré.
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''« De la nourriture »'', a dit Ambre, simplement. Elle a ouvert la pochette et l’a renversée. Des morceaux de pain et des biscuits se sont émiettés sur la table. Le visage de sa mère tomba.
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''« Tu es entrée par effraction dans le terrier Griffetoise… pour de la nourriture? »'' Elle semblait presque en larmes. ''« Pour nous? »''
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''« Ce n’était pas quelque chose que je pouvais continuer d'ignorer »'', a déclaré Ambre. ''« Je dois aider là où je peux, n’est-ce pas? »'' Elle rétrécit son regard. ''« Et assure-toi d’en prendre pour toi, s’il te plaît. Toi et père êtes en train de dépérir sous mes yeux. »''
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''« Nous mangerons après tes frères et sœurs »'', affirme résolument dame Valebriard. Puis elle s’est adoucie. ''« Ambre, je... Merci, bien sûr. »''
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''« De rien »'', a dit Ambre. ''« Mais? »''
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''« Mais tu dois mettre fin à tes petites aventures »'', poursuit sa mère. ''« Tu sais ce qui est en jeu ici. Ton frère essaie tellement fort d’arranger les choses avec la Maison du patrimoine… »''
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Ambre gémit et ramassa un morceau de pain sur la table. Elle se renfrogna bien vite de mordre dedans et le rangea. ''« Wybert se bat pour une défaite assurée. Les Griffetoises ne nous laisseront jamais revenir. »''
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''« Nous pouvons toujours passer par la maison du Patrimoine »'', a déclaré dame Valebriard. ''« N'oublie pas que c'est le lapin élu de Vert-Garenne qui... »''
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''« Et le représentant de Verte-Garenne à la Chambre est sire Tybis Griffetoise. »'' Ambre haussa les épaules. « Nous aurions besoin d’une majorité de votes pour rejoindre la Maison du patrimoine, et Wybert n’a pas beaucoup d’influence sur l’ensemble du groupe. »''
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''« Pas encore, »'' dit dame Valebriard, un soupçon de désespoir reconnu à sa voix. ''« Mais nous ne pouvons pas abandonner. Ton père n'arrête pas de dire que le système est contre nous, et pourtant il passe ses journées dans le salon avec de vieux amis »''. Elle jeta un regard accusateur sur sa fille aînée. ''« Une liste qui s'amenuise à chacune de tes aventures, je ne devrais pas manquer de le mentionner. »''
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''« Ils ne sont pas vraiment amis »'', dit Ambre, la voix froide et amère. « Ils n'ont rien fait pour nous aider. Ils viennent se souvenir des jours passés, mais ne se soucient pas de notre avenir. »" Elle soupira. ''« Père agit toujours comme si nous étions dans la maison du patrimoine, comme si nous étions supérieurs aux autres familles de la maison des parents. Il refuse de reconnaître à quel point nous sommes tombés. »''
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''« Et c'est pourquoi Wybert est maintenant notre intendant de famille »'', déclara dame Valebriard. Elle s'arrêta alors, en détournant le regard. ''« Ta sœur a peut-être ruiné notre nom, mais Seresa ne peut plus nous faire de mal. Ensemble, nous pouvons... »''
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''« Je vais me coucher. »'' Ambre interrompit, en levant la patte. ''« Je ne vais pas encore avoir cette dispute avec toi. »'' Elle a fait un signe de tête à la nourriture sur la table en entrant dans un des tunnels latéraux. ''« Et je suis très sérieuse. Mangez. »''
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Sa mère fixait avidement la nourriture sur la table, puis, après un moment de réflexion, remettait tout cela dans la sacoche et fermait le couvercle.
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La chambre d'Ambre était l'une des mieux entretenues du terrier de Valebriard, avec un plancher en bois poli (mais maintenant terriblement éraflé), un tapis déchiré et un vieux lit. Un lourd fuseau en tissu était attaché dans le coin, mais elle n'y faisait pas attention. Elle ne réclamait aucun trophée de ses aventures, les vendant plutôt pour aider à nourrir sa famille, si bien que les étagères qui bordent les murs de pierre étaient vides. Les seuls indices de son style de vie aventureux se trouvaient dans sa collection de cartes, enroulées et fourrées dans un vieux tonneau de vin dans le coin de sa chambre. La flamme brûlante d'une modeste horloge à lampe à huile diffusait une faible lumière orange dans la pièce.
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L'aube allait bientôt se lever. Au lieu de dormir, Ambre s'est retrouvée à regarder la carte qu'elle avait dérobée au domaine de dame Griffetoise, essayant de discerner les détails des secrets qu'elle pourrait cacher. Il n'y avait rien de nouveau à trouver, mais la perspective de quelque chose existe était prometteuse. Elle savait que sa mère ne voulait rien manger de la sacoche qu'elle avait ramenée. La seule façon de sauver sa famille était de regagner leur richesse.
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Leur position dans Verte-Garenne n'était pas importante pour elle; cela lui apportait le pouvoir et le prestige, c'est certain, mais les Griffetoises leur barraient la route et leur imposaient des obstacles. A la place, Ambre a opté pour des moyens plus directs d'acquérir des richesses. Elle s'est aventurée dans des endroits que le territoire des lapins avait depuis longtemps oubliés et s'est procuré des objets qui valaient la peine d'être vendus. C'était suffisant pour nourrir sa famille, mais cela n'a certainement pas aidé son frère aîné à gagner du pouvoir dans la Maison de l’épi, où les familles du clan des Lapins de Verte-Garenne se chamaillaient et discutaient sans fin.
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== Chapitre 2 : Ridicule, ton chapeau ==
 
== Chapitre 2 : Ridicule, ton chapeau ==

Version du 21 mars 2021 à 18:46

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Le statut de cet écrit est privé. Cela signifie qu'il n'est pas accessible à tout le monde. Votre personnage, en RP, se doit d'être en possession de cet écrit pour que vous puissiez consulter cette page. Dans le cas contraire il s'agit de métagaming.

Cet écrit a été rédigé par Fio et se trouve sur la nouvelle Esperia.

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Chapitre 1 : Une invitée inattendue

« Ce qu’il est important de comprendre, c’est que ces vieilles tombes ont été abandonnées pendant des siècles – même avant que notre chère Verte-Garenne ne fût qu’une motte de terre ! » Le lapin huppé agita sa patte dans un geste délibéré mais vide de sens. « Mais on ne peut rien supposer. Les pièges qui s’y trouvent, oserais-je dire, fonctionnent aussi bien maintenant qu’ils ne fonctionnaient le premier jour. »

Une foule de lapins, tous membres des trois familles de la Maison du patrimoine de Verte-Garenne, se sont penchés plus près de leur mystérieux invité. « Oh, dame Carmina, vos histoires sont tout simplement stupéfiantes! » Un autre lapin a insisté : « S’il vous plaît, vous devez nous en dire plus! »

Dame Carmina, comme on l’appelait, était une nouvelle venue à ce bal de la haute société. Sa fourrure était un blanc immaculé, vêtu d’un merveilleux mélange de style caroggian, tissé en ambre doré et en noir obsidienne. Par-dessus son épaule, un magnifique fourreau se dressait. Ses motifs envoûtants attiraient bien des regards.

Depuis l’arrivée de Carmina, la foule se délecte d’histoires de bravoure – des récits que les premiers vrais lapins des familles Griffetoise, Aurorin et Gardejade n’ont entendues que des ménestrels et des bardes de passage. Leurs vies étaient celle de l’opulence et de l’aristocratie rigide, remplie du décorum écrit exigé des lapins dont les familles servaient à la Maison du Patrimoine. De telles histoires étaient normalement du ressort de familles « inférieures » – comme celles de la Maison de l’épi.

Le bal lui-même ne célébrait rien en particulier. De tels événements n’étaient rien de plus qu’une démonstration de pouvoir de la famille Griffetoise, la famille la plus riche et la plus prestigieuse de la ville souterraine qu’était Verte-Garenne : l’une des plus grandes du territoire des lapins. La musique se répandit dans la vaste salle de bal, alimentée par des harpes et des luths. Les serviteurs tissaient habilement entre les mondains de la classe supérieure, offrant nourriture et boisson pendant qu’ils se mêlaient.

« Eh bien, si vous insistez, mes amis », a déclaré dame Carmina. « Je vais raconter une autre histoire avant de prendre ma retraite de cette veillée. ». Elle agita sa lame autour de la salle de bal, attirant les yeux de son auditoire. « Quel endroit incroyable, pensez-y ! Magnifique par sa taille et sa insolite par sa voûte, la famille Griffetoise excelle dans le domaine du singulier ! »

« Vous êtes trop bon, mon cher invité. » Une nouvelle voix s’est fait entendre. La foule s’est retournée avec révérence, se retirant pour faire place. dame Cressida, haute matriarche de la famille Griffetoise, avança. Sa fourrure était un nuancé dégradé de noir et blanc, avec deux cercles distincts de noir autour de ses yeux -- lui donnant un regard impassible. Elle était vêtue d’une parure verte émeraude des Griffetoises, probablement la robe la plus chère jamais fabriquée dans les terres lapines. La matriarche Griffetoise lança à son invité un sourire désarmant. « Je ne voulais pas vous interrompre, ma chère dame Carmina. Je suis simplement curieuse d’entendre le reste de votre histoire. »

Dame Carmina eut l’air stupéfaite un instant, mais se remit rapidement. « Oh, ah, bien sûr! Oui, bien sûr. Alors oui, dame Griffetoise, cet espace que votre famille remplit gracieusement de tant d’invités est énorme et tout à fait incroyable, mais croyez-vous que même cette grande salle ferait pâle figure par rapport au dôme de Morcetaupe ? »

« Le dôme de Morcetaupe ! » La matriarche de Griffetoise s'esclaffa. Les autres dans la foule ont suivirent. « Quel nom affreux! »

« C’est un endroit ancien », déclara Carmina. « Construit par les plus sombres de nos ancêtres. Au plus profond du pays, elle jaillit de la terre comme une cicatrice, invitant des aventuriers téméraires dans ses profondeurs les plus sombres ! »

dame Griffetoise s’est éclairci la gorge. « C’est ce que tu es, ma chère ? Téméraire? »

« Oh, non, madame! Je me qualifierais plutôt d’experte en la matière. » « Percer d’anciennes tombes? Voler des objets de famille précieux? »

Elle souri. « Se faufiler dans les fêtes sans y être invité? »

Le mystérieux lapin parmi eux commença à regarder autour d’elle avec nervosité. « Je... je ne... »

« Pensez-vous que je suis une imbécile? » La voix de la Griffetoise est passée d’une voix humble à un froid glacial, retentissant autour de la chambre souterraine. Inactive. Les conversations autour d’eux ont commencé à se calmer en réponse. « Il n’y a pas de famille Carmina. Vous pouvez rassurer mes invités et mes gardes, mais je reconnaîtrais la fille d’un Valebriard n’importe où. »

Une série de halètements décalés a balayé la foule. Les musiciens cessèrent de jouer, un par un, remplissant la salle de bal d’un silence inquiétant.

« Oui, voyez-vous maintenant? » dame Cressida a pointé une griffe accusatrice sur le lapin mystère. « De telles histoires grossières ne conviennent qu’à une telle famille. Puis-je présenter à mes très chers amis de la Maison du patrimoine, dame Ambre Valebriard, fille aînée de la famille Valebriard? » Elle ricanait d’Ambre. « Et de leur réputaion...originale. »

Tous les yeux de la foule tombèrent sur l’invité non invitée, mais les siens étaient focalisés sur Cressida. « Ce n’était pas toujours le cas, comme vous vous en souvenez. », a déclaré Ambre.

La matriarche Griffetoise ria. « Vous et votre famille vivez dans un passé qui vous a beaucoup mieux traité que vous ne l’avez jamais mérité. » Elle a agité une patte. Un garde revêtu de l’insigne de Griffetoise s’est rapidement hissé derrière Ambre. « Il semble que dame Valebriard se soit trompée en pensant que j’accueillerais un membre de la famille dans mon domaine. »

« Dois-je… la retirer, dame Griffetoise? » demanda le gardien.

« J’aurais toujours besoin de plus de serviteurs », raconte Mme Cressida en jetant un coup d’œil sur Ambre. « Bien que je ne sois même pas sûr que je ferais confiance à un Valebriard pour être autour de mon quotidien. »

Elle jeta un coup d’œil au sac en cuir qui pendait sur le côté d’Ambre. « Fouillez son sac. »

Le gardien ouvrit le sacoche. Tout le monde s’est penché curieusement. Il n’y avait pas de pièces de monnaie ou de bijoux brillants, au lieu de cela, le garde n’a vu que des morceaux de pain et de pâtisseries enfoncés à l’intérieur.

« La nourriture de la fête, dame Griffetoise. »

Un sourire vicieux se glissa sur le visage de Cressida. « N’est-ce pas précieux! Notre grande aventurière est passée de piller des tombes à piller le garde-manger! »

Plusieurs invités commencèrent à ricaner et à rire sans retenue.

« Qu’elle garde ses restes », a dit Mme Cressida au gardien. « Un symbole de ma bienveillance. » Elle tourna son regard vers Ambre. « En plus du fait que j’ai décidé de ne pas vous remettre à la Garde parlementaire. Vous devriez me remercier. » Elle s’est arrêtée, les bras croisés. « Alors, merci. »

Ambre a grincé ses dents. Elle savait que ce n’était pas le moment de résister. Elle a pris une profonde respiration calmante. « Merci, dame Griffetoise. »

Cressida rit, comme si le geste ne signifiait rien pour elle, puis se détourna. « Hors de ma vue. »

Le garde l’a poussée, sortant précipitamment de la salle de bal, à travers la galerie d’entrée de la famille Griffetoise, jusqu’à la sortie du tunnel. Pour faire bonne mesure, il a poussé Ambre par-dessus le seuil, l’envoyant s’étendre sur le pont qui reliait le terrier Griffetoise avec le reste de Verte-Garenne. Son fourreau s’est accroché à la pierre, roulant loin d’elle. Des bavardages éclectiques et de la musique résonnaient du domaine Griffetoise et traversait le pont pavé; Le parti de dame Cressida a continué sans relâche. Même dans l’humiliation, les Valebriards furent vite oubliés.

« Retournez à votre terrier, Valebriard. » Le gardien grogna. « Et si nous vous retrouvons ici sans invitation, vous ne partirez pas. Pas en un seul morceau. Compris ? »

« Comme on comprend un marteau sur un crâne », a dit Ambre en se dépoussiérant. Puis, sous son souffle : « Même si le votre rechignerait sous cet effort. »

« Qu’est-ce que c’était? »

« Rien. » La Valebriard secoua la tête et récupéra son arme avant de traverser le pont en courant.

Verte-Garenne était, comme chaque lieu-dit du territoire des lapins, une ville autonome construite profondément sous terre par les meilleurs artisans; les seules indications de son existence au monde extérieur sont les tours d’entrée en calcaire poli qui parsèment le paysage verdoyant au-dessus.

Ambre a finalement traversé le pont pavé et a continué le long du sentier lisse et savamment sculpté menant au quartier central de Verte-Garenne. De nombreux sentiers en pierre, appelés « pistes », s’étendent sur la voie de circulation. Les crieurs de la garenne firent leur office et annoncèrent que minuit sonnait. Il était juste assez tard pour que personne ne remarque qu’Ambre s’était précipitée sur la piste principale puis dans un passage latéral isolé.

« Voyons ce que nous avons ici… » Ambre tenait son fourreau et, d’un simple clic d’un petit interrupteur caché, en détacha le pommeau pour révéler une minuscule cavité. Un morceau de parchemin s’y trouvait – le seul et unique objectif de son incursion dans le domaine Griffetoise. Elle l’enleva et, d’un coup de poignet, l’ouvrit.

Des lampes à huile et des chandelles provenant des petites maisons parsemées dans l’intérieur caverneux se reflétaient sur les veines cristallines de minerais et de minéraux haut dans le plafond, le long des murs, et profondément dans l’obscurité en dessous – scintillant comme des étoiles perdues emprisonnées profondément sous la terre. Il y avait plus qu’assez de lumière pour qu’Ambre confirme que l’objet qu’elle tenait était l’objet de son désir : une carte, dont on dit depuis longtemps qu’elle était cachée derrière un tableau spécifique dans le terrier Griffetoise. Ambre avait réussi à la libérer juste avant que les gardes ne la remarquent en marchant dans la galerie et ne la dirigent vers la salle de bal principale.

Ambre soupira avec nostalgie avant de revenir sur la carte dans sa patte. Le contenu même de la carte ne lui avait jamais été expliqué clairement avant ce moment – la seule chose sur laquelle elle avait dû continuer son périple était la certitude qu’une carte existait, mais les histoires divergeaient sur ce qu’elle menait exactement. Peut-être qu’elle conduit à une sorte de trésor, ou peut-être un artefact ancien, ou une tombe perdue. Mais Ambre espérait autre chose : le joyau de la Voûte émeraude, l’un des nombreux trésors antiques « perdus » des Griffetoises. Bien sûr, pour entendre le père d’Ambre l’expliquer, le trésor n’était pas vraiment un bijou, et n’appartenait pas du tout aux Griffetoises. Pour l’entendre le dire, le trésor avait été « forgé dans la vallée de la bruyère, perdu par de fières griffes ». Une allusion peu subtile au premier des nombreux conflits que les dynasties de lapins se livreraient au fil des ans.

Ambre fouillait la carte pour y trouver des annotations ou des images révélant les secrets qu’elle révélait. Hélas, elle confirmait seulement qu’il y avait effectivement des secrets à trouver. D’après son apparence dans une vieille tombe, environ deux jours de voyage au nord-nord-est au-delà de Verte-Garenne.

La longue marche de retour du terrier Griffetoise était calme – la course principale bientôt reliée au centre de Verte-Garenne, où les sentiers de pierre étaient plus larges et reliaient tous les terriers de la famille au marché principal et aux quartiers parlementaires. Ambre dépassa une dérivation de la piste centrale marquée d’une plaque de plomb – le terrier Aurorin se trouvait par là. Elle pouvait sentir la chaleur de leurs forges quelque part au-delà et voir le système massif de tuyaux d’échappement en métal qui était accroché le long du mur de la garenne à la surface.

« Avancez, madame », a averti poliment une voix. Revêtus d’une plaque d’or et munis de lances décoratives, les protecteurs Aurorin paraissaient beaucoup plus imposants que les défenseurs en velours et en queue de chaîne des Griffetoises.

Bien que la garde parlementaire ait protégé Verte-Garenne lui-même, il n’était pas rare que de grandes familles construisent leurs propres gardes personnelles pour défendre leurs terriers et faire respecter leur volonté dans l’ensemble de la Garenne. Les Valebriard avaient leur propre milice, mais c’était il y a longtemps.

Ambre soupira et inclina la tête, acceptant le garde Aurorin et avançant plus bas dans la course. Sur un chemin sinueux, bien au-delà, le Terrier Valebriard s’élevait.

La mère d’Ambre bloquait l’entrée du terrier familial. Elle était jeune pour une matriarche de famille, mais les saisons de conflits et les moments difficiles l’avaient vieillie prématurément. Bien qu’elle partageait la fourrure blanche immaculée de sa fille, elle est apparue moins crayeuse ces dernières années. « Ton père et moi étions très inquiets, mais tu le sais déja. »

« Oui... » Ambre hocha la tête, la reconnaissant à peine. « J’avais quelque chose à faire. »

Dame Valebriard laissa sa fille se promener derrière elle dans le foyer principal. « Tu es allée à cette fête, n’est-ce pas? »

Ambre déboucha la pochette de sa ceinture et la posa sur une vieille table en bois. Le terrier Valebriard était autrefois une merveille du territoire des lapins, rempli des plus beaux meubles construits par les meilleurs artisans du clan. La plupart de ces choses avaient été vendues aux enchères – Ambre avait vu plus de quelques morceaux de son enfance dans les couloirs du domaine Griffetoise plus tôt dans la soirée. Leur terrier était en mauvais état. Des ailes entières s’étaient effondrées, et sa famille a été forcée dans des espaces de plus en plus petits. Le foyer principal ne comportait rien de plus que la vieille table et une demi-douzaine de chaises en bois délabré.

« De la nourriture », a dit Ambre, simplement. Elle a ouvert la pochette et l’a renversée. Des morceaux de pain et des biscuits se sont émiettés sur la table. Le visage de sa mère tomba.

« Tu es entrée par effraction dans le terrier Griffetoise… pour de la nourriture? » Elle semblait presque en larmes. « Pour nous? »

« Ce n’était pas quelque chose que je pouvais continuer d'ignorer », a déclaré Ambre. « Je dois aider là où je peux, n’est-ce pas? » Elle rétrécit son regard. « Et assure-toi d’en prendre pour toi, s’il te plaît. Toi et père êtes en train de dépérir sous mes yeux. »

« Nous mangerons après tes frères et sœurs », affirme résolument dame Valebriard. Puis elle s’est adoucie. « Ambre, je... Merci, bien sûr. »

« De rien », a dit Ambre. « Mais? »

« Mais tu dois mettre fin à tes petites aventures », poursuit sa mère. « Tu sais ce qui est en jeu ici. Ton frère essaie tellement fort d’arranger les choses avec la Maison du patrimoine… »

Ambre gémit et ramassa un morceau de pain sur la table. Elle se renfrogna bien vite de mordre dedans et le rangea. « Wybert se bat pour une défaite assurée. Les Griffetoises ne nous laisseront jamais revenir. »

« Nous pouvons toujours passer par la maison du Patrimoine », a déclaré dame Valebriard. « N'oublie pas que c'est le lapin élu de Vert-Garenne qui... »

« Et le représentant de Verte-Garenne à la Chambre est sire Tybis Griffetoise. » Ambre haussa les épaules. « Nous aurions besoin d’une majorité de votes pour rejoindre la Maison du patrimoine, et Wybert n’a pas beaucoup d’influence sur l’ensemble du groupe. »

« Pas encore, » dit dame Valebriard, un soupçon de désespoir reconnu à sa voix. « Mais nous ne pouvons pas abandonner. Ton père n'arrête pas de dire que le système est contre nous, et pourtant il passe ses journées dans le salon avec de vieux amis ». Elle jeta un regard accusateur sur sa fille aînée. « Une liste qui s'amenuise à chacune de tes aventures, je ne devrais pas manquer de le mentionner. »

« Ils ne sont pas vraiment amis », dit Ambre, la voix froide et amère. « Ils n'ont rien fait pour nous aider. Ils viennent se souvenir des jours passés, mais ne se soucient pas de notre avenir. »" Elle soupira. « Père agit toujours comme si nous étions dans la maison du patrimoine, comme si nous étions supérieurs aux autres familles de la maison des parents. Il refuse de reconnaître à quel point nous sommes tombés. »

« Et c'est pourquoi Wybert est maintenant notre intendant de famille », déclara dame Valebriard. Elle s'arrêta alors, en détournant le regard. « Ta sœur a peut-être ruiné notre nom, mais Seresa ne peut plus nous faire de mal. Ensemble, nous pouvons... »

« Je vais me coucher. » Ambre interrompit, en levant la patte. « Je ne vais pas encore avoir cette dispute avec toi. » Elle a fait un signe de tête à la nourriture sur la table en entrant dans un des tunnels latéraux. « Et je suis très sérieuse. Mangez. »

Sa mère fixait avidement la nourriture sur la table, puis, après un moment de réflexion, remettait tout cela dans la sacoche et fermait le couvercle.

La chambre d'Ambre était l'une des mieux entretenues du terrier de Valebriard, avec un plancher en bois poli (mais maintenant terriblement éraflé), un tapis déchiré et un vieux lit. Un lourd fuseau en tissu était attaché dans le coin, mais elle n'y faisait pas attention. Elle ne réclamait aucun trophée de ses aventures, les vendant plutôt pour aider à nourrir sa famille, si bien que les étagères qui bordent les murs de pierre étaient vides. Les seuls indices de son style de vie aventureux se trouvaient dans sa collection de cartes, enroulées et fourrées dans un vieux tonneau de vin dans le coin de sa chambre. La flamme brûlante d'une modeste horloge à lampe à huile diffusait une faible lumière orange dans la pièce.

L'aube allait bientôt se lever. Au lieu de dormir, Ambre s'est retrouvée à regarder la carte qu'elle avait dérobée au domaine de dame Griffetoise, essayant de discerner les détails des secrets qu'elle pourrait cacher. Il n'y avait rien de nouveau à trouver, mais la perspective de quelque chose existe était prometteuse. Elle savait que sa mère ne voulait rien manger de la sacoche qu'elle avait ramenée. La seule façon de sauver sa famille était de regagner leur richesse.

Leur position dans Verte-Garenne n'était pas importante pour elle; cela lui apportait le pouvoir et le prestige, c'est certain, mais les Griffetoises leur barraient la route et leur imposaient des obstacles. A la place, Ambre a opté pour des moyens plus directs d'acquérir des richesses. Elle s'est aventurée dans des endroits que le territoire des lapins avait depuis longtemps oubliés et s'est procuré des objets qui valaient la peine d'être vendus. C'était suffisant pour nourrir sa famille, mais cela n'a certainement pas aidé son frère aîné à gagner du pouvoir dans la Maison de l’épi, où les familles du clan des Lapins de Verte-Garenne se chamaillaient et discutaient sans fin.


Chapitre 2 : Ridicule, ton chapeau

A venir...

Chapitre 3 : Dans les profondeurs

A venir...

Chapitre 4 : Au pied du mur

A venir...

Chapitre 5 : Pourfendre

A venir...

Chapitre 6 : Présence d'esprit

A venir...


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