Utilisateur:Rorgue

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Rorgue



Vous consultez la fiche d'un personnage décédé.

     Rorgue
Informations RP
Nom
Genre
Homme
Année de naissance
Rang


Famille






Métier
Compléments








Origines
Ville d'origine
Région d'origine
Nation d'origine
Informations HRP
Login Minecraft
Sinopolitain
Prénom IRL
Aurel
Âge IRL
22 ans





Personnage

Nom Rorgue
Origine Royaume Central - Capitale
Né au début des années 480

Religion Rite Monachiste
Classe Social Basse Populaire

Taille 175 cm

Arrivée 20 Novembre 514
Affranchissement 17 Décembre
Retour Fin Août 517
Mort 19 Novembre 517 - Brumaire Noire


Aptitudes

Combat
Épée courte Amateur
Mains nues Amateur
Connaissances
Paris et Jeux d'argent
Secondaire
Chiffres et calcul


Caractéristiques

Rorgue était un capitalin de la Sublime Capitale issu d’un milieu très pauvre. C'était perceptible à sa façon de parler, son accent et son hygiène physique. Il employait un bon nombre de mots provenant de l'argot capitalard et avait pris la mauvaise habitude de siffler ou de grogner.

Rorgue n'était pas un combattant émérite. Il savait passablement se battre aux poings et se servir de toute sorte d’arme à une main (dague, gourdin, hache, épée) mais peinait complètement avec le reste. Ses spécialités étaient les coups par derrière ou en traître et les mêlées serrées dans d'étroits endroits où il pouvait prendre l'avantage avec une épée courte.

L'homme portait sur son dos les vestiges d'un esclavage fastidieux, portant en ornement une multitude de balafres réalisées par des fouets. Quand il ne portait pas de gants, on pouvait remarquer l'index et le majeur qui lui manquaient à la main gauche. Son visage, lorsqu'il n'était pas caché, est le plus souvent recouvert par la crasse et une épaisse barbe pareille à sa chevelure tombant sur ses yeux : épaisse, brune, grasse et odorante.



Cadènes et Battoirs

La louche qui s'empâte à cause du pue et le bide plein de raisin, le gardoche l’avait pas raté. Maurm qui croule au fond de la cage et moi qui lui tient la pogne dégeux. J’en aurais chialé si j’étais pas aussi en rage de ce merdier. En même temps ça s’était passé si vite : le taulier qui aboule la fraîche, la lourde qui sort de ses gonds, quatre gaulés de la garde qui débarquent, les lames qui se mettent au clair et l’acier qui chante. Ma pointe se retrouve dans l’épaule d’un des gars, la sienne dans ma jambe, raflé seulement mais de quoi me fraiser au sol. Et v'là que le Maurm y résiste et qui se fait percer le buffet et trancher la battoir. Laid spectacle pour nous deux. De toute façon l’affaire puait la mouscaille dès le début, travailler pour des roggian c’est merdant. J’aurais dû lui enfoncer ma tranche dans la calebasse dès l’ouverture de son claque-merde à ce Tino… Dino… enfin ce putain de roggian.

Et on en est là. Deux crapules qui n’ont que l’un l’autre au monde dont l’un qui cabote doucement. Ah, le geôlier qui rentre, qui nous cogne deux-trois fois pour voir ce qu’on sait, mais on sait rien, pas plus que la veille alors il se tire. Au petit matin, Maurm me claque dans les bras. Je bouge pas, son cadavre sur moi. Je dis rien, mais au fond j’enrage, puis je chougne, je chougne comme rarement.

La suite, Rorgue la vie sans la voir. En subissant sans chercher à survivre ou choisir. Il est condamné le surlendemain à l’esclavage pour brigandage, meurtre et violence contre représentant de la loi puis vendu le même jour à un exploitant minier et envoyé dans ses mines au sud, à Marmorenca. Le premier jour il frappe un contre-maître. Il est châtié par la fouet et l’isolation pendant plusieurs jours. Dès sa libération il bat à mort un autre esclave à la force de ses poings, il est plus sévèrement puni. La peine est plus longue.

Ils vont finir par me crônir, ils vont y arriver. Mais qu’est-ce qu’ils attendent au juste ? J’en sais piche. Cette piaule me rend braque, j’ai pas vu le jour depuis un baille. Je cogne le mur, ça résonne dans ma calebasse. Je revois le Maurm, le raisiné qui coule de ses carreaux, ses tripes qui sortent de son clapoir. Et son blaire...absent de sa tronche, comme scié. L’horreur de l’image me fait me frapper le corgnolon contre les murs. Je deviens braque, complètement.
Douleur. Mes gobilles me brûlent. La lumière.

Il se soumet alors à une période de calme. Il passe ses nerfs, sa colère et sa rage sur la roche. Pendant cette période de près de trois ans, il prend une place plus ou moins importante dans la hiérarchie officieuse des esclaves et effectue plusieurs travaux internes pour leur chef. Pendant la Nivôse 513, les esclaves de la mine tentent de se soulever contre leurs maîtres. Certains sont tués dans les combats, le chef des meneurs exécuté pour l’exemple.

Ça pisse la saigne de partout. Moi ça faisait des marquotins que j’attendais ça. Je suis le troupeau déchaîné d'enchaînés, prêt à lever leur pioche et à la foutre dans la première calebasse de maton qu’ils croiseraient. Ça n’a pas tardé, le premier poisseux est troué d’une dizaine de coup de pioche avec bien plus d’energie que lorsqu’il fallait frapper la caillasse. Mais la milice de la mine se ramène vite, et la bigorne devient bien plus sanglante de notre coté que du leur. Ils mettent pas longtemps à tous nous soumettre, moi le premier après qu’un coup que j’avais pas vu venir me gaufra par terre.

Suite à cela, Rorgue est revendu à un organisateur de combat en fosse. Les combats y sont violents, contre des humains ou des chiens. Lors d’un de ces combats, il est gravement blessé, il agonise sur sa couche pendant deux jours avant d’être sauvé par un esclavagiste de passage qui le rachète pour une bouchée de pain. Il reçoit des soins minimes pour pouvoir être à nouveau revendu. Il est finalement embarqué pour un bateau en destination de Fort-lointain.

L’un me gerbe sur l’épaule, un autre semble carrément canner contre moi. Ça remue, dehors, sur les vagues, comme à l'intérieur. Le bruit de la flotte se mêle avec celui des râles et du cliquetis des cadènes. Quelqu’un tente de tirer un bout de pain, il y gagne d’y perde ses chicots. En haut ça gueule des ordres, je sais pas où on va, mais on y va. Les murmures naissent vers les escaliers, la rumeur prend vite dans l’humidité de la cale, les mots sont sur les limaces de tous les chaineux et parviennent presque à mes feuilles : on parle d'espoir. Ou presque.



Retour et Réalité

Le rogg crevait lentement aux pieds des compères, le raisin qui coagulait dans sa gargane l'étouffait, ses gobilles se tournaient derrière sa tête pendant que le reste du tronc convulsaient dans tous les sens. Ernst, qui ne causait jamais bien fort murmura aux esgourdes de Rorgue : Ils avaient terminé, il partait de son côté s’occuper de ses affaires. Les adieux furent bref, Rorgue resta pour profiter du spectacle qu’il attendait depuis longtemps, depuis la mort de Maurm.

Loin de la Sublime, loin d’Esperia, la vie reprit son court. Rorgue enchaîna plusieurs petits boulots miteux dont il se serait bien passé. Il reprit les habitudes qu’ils avaient avec son mentor, longeant la côte dans les deux sens à la recherche d’un type qui pourrait faire l’affaire. Qui filerait du travail ou mûr à faire les bourses. Pendant un temps, Rorgue ne resta jamais plus de trois semaines au même endroit et une fois sur trois il s’attirait tellement de mardouille sur la fin qu’il quittait l’endroit sans possibilité d’y revenir. Les causes ? Diverses. La mauvaise femme séduite, la mauvaise bourse lestée, la mauvaise gorge tranchée, Rorgue se trouva plus créatif qu’il ne l’avait jamais été. Parfois la nuit, il rêvait. La rousse qui berçait ses nuits, qui pansait ses plaies, qui passait lentement ses doigts dans sa chevelure brune, cette rousse-ci n’était plus qu’un lointain songe, un vieux rêve perdu, abandonnée. C’est quand il se réveillait, lors de ces nuits de lunes douces et rousses, qu’il se sentait absolument seul. Sa vie était si facile à résumer que cela lui donnait la gerbe. Il se sentait seul dans un monde gigantesque, sans personne sur qui compter. Il avait été abandonné, il avait abandonné à son tour. Comme si sa marginalité était devenu, avec le temps, chose absolument naturelle chez lui.

Pendant un bref retour à la Capitale, il avait tenté de retrouver Ernst. Il savait qu’il s’était passé quelque chose sur l’île avant leur départ, alors que le bureau du faraud était en sang, il n’avait pas posé de question. Quand il s’était joint à Rorgue et se montra pressé de partir, il ne posa pas plus de question, ni pendant la traversé, ni après qu’ils furent débarqués. Aujourd’hui il avait des questions à poser à Ernst, mais celui-ci ne se montra jamais.

Un jour, un moine aux larmes d’encre avec qui Rorgue commença à se lier d’une manière étrange lui annonça qu’il ne croyait pas en sa stupidité. La Rousse, elle aussi avait confirmé cette hypothèse. Si bien, que pendant certaine nuits d’insomnies, Rorgue commença à croire en une potentielle intelligence, cachée, enfouie au milieu de lui. Mais les faits restaient difficile à concevoir tant sa vie n’avait toujours été fait que de sang, de violence et de mort. Ce n’était qu’avec le souvenir de cette femme que l’idée continuait à être cultivée par le gredin.



Erre et Espérence

Plongée dans un abysse éternel sanglant où l’odeur de la gloire est la même que le purin et la bile, il se débattait avec une férocité animale, luttant de tout son corps, de tout son être pour tenter de se hisser à la surface. À une distance qui semblait inatteignable, au dessus de sa tête, un disque de lumière, le ciel bleu qui ne demandait qu'à être rejoint contrastait avec les murs ténébreux qui l’encerclaient. A ses pieds, la merde, le sang et le dégueulis de tous ceux qui l’avaient précédés. Autours de lui, d’autres âmes en peine, éloignées depuis longtemps de tout arbitrage, se tenaient en travers de sa rédemption. Leur meurtres semblaient être une nécessité inéluctable et bientôt leur sang le recouvriront de tout son long.



Rorgue se relève, émergent de la motte de cadavre putride qui l'empêchait de respirer. Relevant le menton, il observe le disque de ciel et se surprend à avoir l’espoir de gagner la surface. L’Oeil observe mais ne se prononce pas. Plantant ses ongles noirs et ses doigts ensanglantés dans la roche, il entame son ascension vers sa rédemption. Il tente de laisser derrière lui sa haine, son mépris, ses armes et ses larmes. Il grimpe. Il cherche à abandonner ses morts, ses meurtres, ses vols, ses viols. Il grimpe. Au loin il a l’espoir d’un arbeta recouvré. Il grimpe. La pierre s’efface, l’Oeil bleu du ciel contemple en silence, l’assassin hurle. Il chute. Le sol semble plus profond encore que ses premiers échecs. De nouveau l’abysse se creuse et le disque s’éloigne encore. Des cadavres putréfiés plantent leur griffes dans ses jambes et le tirent vers l’obscurité à laquelle il est habitué, l'éloignant de la lumière qu’il aimerait connaître. L’Oeil observe. Il pleut. Rorgue reconnaît Maurm parmi ses agresseurs, il ne l’a pourtant pas tué. Semble-t-il être l’incarnation de ce qu’il a pu aimer dans son monde familier. Ce qui a pu le retenir toutes ses années dans cette sombre bestialité. L’Oeil pleure mais ne se prononce pas. Le meurtrier lui lance un cri d’alerte, remplie de colère et de haine, lui renvoyant ses propres fautes. Mais au fond il sait que ce n’est plus de son ressort. Alors il cesse de lutter et s’enfonce plus profondément dans cette abysse éternelle où l’odeur de la gloire est semblable au purin, la bile et le sang.

S'écrasant sur ce sol crasseux, Rorgue relâche ses efforts et ne prend pas la peine de se relever. Les morts de nouveau viennent le recouvrir, il ne les repoussera pas. À des années lumières là-haut, l’Oeil lui fait face et le contemple dans ce nouvel échec. Rorgue pleure avec lui mais ne détournera pas le regard. Il comprend que son but n’est pas atteignable. Il ressent toute la bestialité qui lui est propre. Il reconnaît ses sens, reconnaît son illégitimité à espérer atteindre la sortie. L’Oeil pourrait lui tendre la main, mais il ne le fera pas.

---

Il ouvrit les yeux, les bancs du monastère tout autours de lui s'étaient vidés depuis longtemps. Relevant la tête, il constatait que la bannière monachiste abordant l’oeil traditionnel semblait l’observer. Il n’entendit pas les pas feutrés de l’emburé qui venait se poser près de lui. Après un long moment de silence où Rorgue ne lâchera pas un mot, le moine prit enfin la parole. Sa langue semblait sincère, l’aide qu’il proposait semblait désintéressée, la pureté de son coeur tout autant que son offre résonnait véridique aux oreilles du bestial. C’est à ce moment que Rorgue ressenti le besoin de le tuer. Il résista à ses pulsions et quitta le monastère sans sortir de son habitude taciturne. Le moine ne saura jamais à quoi il venait d’échapper.

Que je lui aurais déconni les chicots par mandale dans la gueule. Que je lui aurais dégommer la ganache, dégobiller les carreaux, croquer le tarin par giclé. Sa calebasse j’en aurais fabriquer de la gelée de groseille, le ciboulot répandu à même la paillasse. A coup de latte que je l’aurais escrabouillé l’emburé.

Et il hurla. Levant ses yeux vers le ciel. Les ténèbres ne semblaient jamais l’avoir quitté. Alors il fuit. Arbitrairement, aléatoirement. Laissant ses pas être guidés par une force qui le dépassait.

Sur un bâteau il embarqua.


Note de l'auteur

Je compile sur cette page mes meilleurs textes à propos de Rorgue pour conclure son aventure. Il restera un de mes deux meilleurs personnages et le plus volontairement incompris par la majorité, par les joueurs comme par leurs avatars.

Le premier texte, "Cadènes et Battoirs" se passe vers 511 pendant l'esclavage du loubard, c'est le premier texte que j'ai écris sur lui pour ma candidature en 2014, en utilisant des passages d'argots exploités d'ici et là et remis à ma sauce.

Les deux autres textes ont été écrits 2-3 années IRL plus tard à l'occasion du retour de Rorgue sur Esperia et mettent en scène le vénal dans une phase de totale remise en question sur son existence. À ce jour (Avril 2018) "Erre et Espérance" reste l'un des meilleurs textes que j'ai jamais écrit.

En espérant que la lecture vous fût agréable